EDF fera des économies, mais réclame des hausses de tarifs

Le nouveau PDG d'EDF, Jean-Bernard Levy. L'opérateur publie des résultats en hausse au titre de 2014, grâce notamment à la performance de son parc nucléaire et à des augmentations de tarifs en France. /Photo prise le 12 février 2015/REUTERS/Philippe Wojazer

par Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) - EDF a publié jeudi des résultats en hausse au titre de 2014, grâce notamment à la performance de son parc nucléaire, et a redit son souhait d'obtenir en France des augmentations de tarifs lui permettant de couvrir ses coûts et d'investir.

L'électricien public, dont l'Etat détient 84,5% du capital, a dans le même temps annoncé des mesures d'économies devant lui permettre d'atteindre son objectif de générer un flux de trésorerie (cash-flow) positif en 2018 après dividendes (hors projet Linky).

"Il est essentiel que nous atteignions une trajectoire des tarifs qui couvre nos coûts (en France), et nous avons de sérieuses inquiétudes", a déclaré son PDG, Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence avec les analystes.

"La méthode de calcul actuelle, dite de tarifs par empilement, ne couvre pas complètement nos coûts", a ajouté le PDG, nommé fin 2014.

"Il y a un certain nombre d'écarts qui ont conduit EDF à augmenter constamment sa dette, et je suis un peu surpris par cette situation", a également dit Jean-Bernard Lévy, remettant une nouvelle fois en cause le système faisant supporter aux seuls consommateurs d'électricité le financement des renouvelables.

Les tarifs réglementés de l'électricité en France ont augmenté de 2,5% pour les particuliers le 1er novembre en vertu d'une nouvelle formule de calcul qui prend en compte les prix du marché de gros, et pas seulement l'évolution des coûts d'EDF, et met ainsi le groupe sous pression.

Pour atteindre son objectif de flux de trésorerie pour 2018, EDF veut renforcer la maîtrise de ses dépenses opérationnelles et confirme que ses investissements nets connaîtront un pic en 2015, à un niveau toutefois ramené à 13 milliards d'euros (contre 14 milliards prévus auparavant) et un maximum de 11 milliards en 2018.

Il souligne toutefois que son programme d'investissement dans le parc nucléaire français, de 55 milliards d'euros d'ici à 2025, ne s'est pas encore matérialisé dans ses comptes.

DES OBJECTIFS JUGÉS AMBITIEUX

EDF ajoute que "les investissements correspondant à de nouveaux développements" seront pour l'essentiel financés grâce à des cessions d'actifs non stratégiques, notamment à travers une redéfinition de la stratégie à l'international.

Pour 2015, il vise un résultat brut d'exploitation (Ebitda) en croissance organique de 0 à 3%.

En Bourse, l'action EDF perd 3,7% à 23,44 euros à 12h10 et accuse ainsi la plus forte baisse de l'indice CAC 40, en hausse de 1%.

"Etant donné les résultats de l'année 2014, les objectifs fixés par le groupe pour 2018 semblent difficiles à atteindre, notamment au regard de la baisse des dépenses d'investissement", a estimé un trader basé à Paris.

Le cash-flow d'EDF après dividendes s'est établi à -4 milliards d'euros en 2014 et atteindrait -3 milliards une fois retraité d'éléments non récurrents, a précisé le directeur financier Thomas Piquemal.

Le PDG Jean-Bernard Lévy a en outre indiqué qu'EDF ne travaillait qu'à "l'efficacité opérationnelle" de sa relation avec Areva et qu'aucun autre projet n'était à l'ordre du jour.

Il a également déclaré qu'EDF espérait être en mesure de prendre "rapidement" une décision d'investir dans la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point, en Grande-Bretagne.

EDF a enregistré au titre de 2014 un résultat net part du groupe de 3.701 millions d'euros (+5,2%), un résultat net courant de 4.852 millions (+17,9%), un Ebitda de 17.279 millions (+7,3% dont +6,5% en organique) et un chiffre d'affaires de 72.874 millions (+1,3% en variation brute, -1,4% en organique).

Selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S, les analystes attendaient en moyenne un résultat net part du groupe de 4.255 millions d'euros, un Ebitda de 17.015 millions et un chiffre d'affaires de 73.115 millions.

EDF propose de maintenir son dividende à 1,25 euro par action.

Sa production nucléaire en France a progressé de 3,0% à 415,9 térawatts/heure (TWh) en 2014, grâce à une réduction de moitié de la durée moyenne de prolongation des arrêts programmés, l'objectif pour 2015 étant fixé à un niveau compris entre 410 et 415 TWh.

L'endettement financier net d'EDF s'élevait à 34,2 milliards d'euros à fin 2014, en hausse de 800 millions par rapport à fin 2013.

(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez)