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Écrans publicitaires lumineux : pourquoi des associations réclament leur extinction

Photo d'illustration / Getty Images
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Une pétition adressée à Emmanuel Macron contre ces écrans publicitaires recueille plus de 6 000 signatures.

Dans la rue, les gares, les couloirs du métro, les aéroports... Les panneaux publicitaires lumineux se sont multipliés ces dernières années. Selon le rapport "Futurs énergétiques 2050" de RTE, on compte environ 9 000 de ces écrans en France, un chiffre en croissance d’environ 20% chaque année. Dans une évaluation parue en septembre 2020, l’Agence de la transition écologique (Ademe) dénombrait de son côté 55 000 panneaux publicitaires digitaux de toutes tailles, en hausse de près de 40% sur deux ans.

Des panneaux dans le viseur des militants antipub depuis leur installation. "Ces panneaux, c'est le summum de l'agression publicitaire dans l'espace public. Ils sont lumineux, les publicités bougent, cela attire beaucoup plus le regard que les publicités papier classiques", lance auprès de Yahoo Actualités Thomas Bourgenot, chargé de plaidoyer au sein de l'association Résistance à l'Agression Publicitaire.

"On demande aux Français d'éteindre le wifi"

Des panneaux qui déplaisent depuis plusieurs années aussi aux militants écologistes, notamment en raison de la pollution lumineuse qu'ils engendrent. Ils sont ciblés par une pétition, cette fois axée sur le plan de sobriété énergétique. Lancée par Résistance à l’agression publicitaire, Greenpeace, Alternatiba, Plein la vue et ANV-Cop21, elle est adressée à Emmanuel Macron et vise à leur interdiction pure et simple.

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"On demande aux Français de couper le wifi et d'arrêter d'envoyer des pièces jointes rigolotes alors qu'en même temps, ces panneaux publicitaires lumineux sont allumés toute la journée, voire tout la nuit pour certains", argumente Thomas Bourgenot, dont l'association fait partie des cosignataires de la pétition.

Une consommation équivalente à celle d'un ménage

Car ces panneaux publicitaires sont consommateurs d'énergie. L'ADEME estimait, dans un rapport publié en 2020, la consommation d'un écran de 2m2 à 2 000 kilowattheures par an, soit quasiment l'équivalent de la consommation annuelle d'un ménage (hors chauffage et eau chaude). Certains, bien plus grands atteignent jusqu’à 50m2.

En 2020 déjà, RTE suggérait de réduire l’usage et le déploiement de ces panneaux numériques, considérés comme une consommation "superflue" dans un contexte de tensions croissantes sur l’approvisionnement en électricité.

Une interdiction rejetée par le gouvernement en 2020

La même année, l'installation de ces panneaux faisaient l'objet d'une proposition de la Convention citoyenne pour le climat, pour interdire ces écrans vidéo publicitaires "dans l'espace public, les transports en commun et dans les points de vente". L'idée avait, à l'époque, été écartée par le gouvernement.

En 2021, dans le cadre de la loi climat et résilience, l’idée d’encadrer plus strictement le développement des écrans publicitaires est abordée et entraine une mobilisation de la part de fédérations de commerçants, réunis au sein du collectif "Touche pas à ma vitrine". Un collectif, selon le site Les Jours, dirigé en sous-main par Phenix, spécialiste de l’affichage publicitaire.

Ce que prévoit la loi actuellement

Si l'idée d'interdire les écrans publicitaires lumineux est de nouveau lancée, le contexte est différent. "Il y a un changement de discours sur la sobriété de la part du Premier ministre et du gouvernement, c'est l’occasion de pousser ces sujets qui sont évidents pour une large majorité de Français. Si on ne parvient pas à obtenir l'interdiction, on veut mettre la pression pour qu'en cas de coupure de courant, la loi permette de couper les publicités lumineuse", poursuit Thomas Bourgenot.

Lors d'une conférence de presse ce mercredi 14 septembre, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a rappelé qu'elle avait la possibilité de commander l'extinction de tous les écrans publicitaires" dans les moments de tension électrique.

Vers un éclairage interdit entre 1h et 6h

Un décret de 2012 prévoit que les publicités lumineuses soient éteintes entre 1h et 6h du matin, sauf pour les aéroports et les agglomérations de plus de 800 000 habitants. Dans ces villes, le règlement local de publicité, pris à l’initiative des maires, peut se substituer à la réglementation. Sauf que seules 6% des communes ont pris un règlement en ce sens d’après le ministère de la Transition énergétique, cité par Franceinfo.

Dans le cadre de la loi sur la sobriété énergétique, un décret annoncé cet été prévoit d'interdire la publicité lumineuse entre 1h et 6h, quelque soit la taille de la ville, à l’exception des gares et des aéroports, là où sont majoritairement déployés ces écrans.

Paris souhaiterait des mesures plus restrictives

"Reste à voir si cette interdiction sera respectée. Car entre 1h et 6h du matin, on peut être sûr qu’il n’y aura que très peu voire pas de contrôles pour vérifier l’extinction de ces panneaux", ajoute Thomas Bourgenot, perplexe.

Selon BFM Paris, la ville de Paris souhaiterait des mesures restrictives concernant ces écrans, "même si celles-ci ne seront pas prises dans l'immédiat". La pétition recueille plus de 6 000 signatures, dont celles des députés de la Nupes Julien Bayou, Mathilde Panot, François Ruffin, du maire EELV de Grenoble Éric Piolle, ou encore de Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France.

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