Comment l'école est devenue le premier désert médical de France

Moins de 20 % des élèves de six ans passent la visite médicale pourtant obligatoire (Getty Images)

Un rapport publié par Le Parisien dénonce la situation de la santé scolaire. Il y a moins de 900 médecins scolaires pour 60 000 établissements.

Les chiffres sont édifiants. Mercredi 10 mai, Le Parisien dévoile en exclusivité les chiffres d'un rapport d’information présenté à l’Assemblée nationale. Selon le député Robin Reda (Renaissance), l'école est loin d'être le temple de la prévention.

Si, dans de nombreuses régions de France, il est souvent compliqué de consulter un professionnel de santé, la situation n'est guère plus simple dans les écoles. Comme le rapporte le quotidien, moins de 20 % des élèves de six ans passent la visite médicale pourtant obligatoire et, à douze ans, ils sont seulement 60% a avoir eu un bilan infirmier. Aujourd'hui, il y a moins de 900 médecins scolaires pour... 60 000 établissements.

Les effectifs médicaux dans les écoles deviennent une denrée rare, à commencer par les médecins scolaires confirme Jocelyne Grousset, co-secrétaire nationale du SNMSU-Unsa, le principal syndicat des médecins scolaires : "Au dernier concours national, pour 40 ou 50 postes à pourvoir, il y avait 12 candidats". Même situation pour les infirmières. Au fil des années, le nombre de tâches a été multiplié et la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 a également compliqué la mission des spécialistes : "Dans le premier degré, on constate des troubles de l’apprentissage directement liés à trop d’écrans et à une longue période de non-sociabilisation", décrit Valérie Wolf qui exerce dans un collège du Bas-Rhin. Auprès du Parisien, elle note également une "hausse des élèves en difficulté et des dossiers pour des classes Segpa".

Une revalorisation de la rémunération

Pour remédier à cette situation, Jocelyne Grousset réclame une revalorisation de la rémunération. "Il faut un choc de revalorisation et une refondation du système", confirme le député. Et il y a urgence car le désert médical des établissements scolaires français met la santé des élèves en danger : "Le non-diagnostic d’un enfant qui voit mal, s’exprime mal, entend mal, cela joue sur sa réussite scolaire, et cyniquement, sur le budget de l’assurance maladie", détaille le député.

Une nécessité que plaide également Jocelyne Grousset : "20 à 30 % des enfants n’ont pas de médecin traitant. Notre rôle est encore plus important auprès d’eux, Car pour celui qui doit se servir d’une pompe à insuline, qui va lui expliquer ? Assurer le suivi auprès de sa famille ? Or, avec un seul praticien sur un bassin de 40 000 élèves, cela devient compliqué !".

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