Eau potable à Paris : deux nouveaux forages pétroliers en Seine-et-Marne inquiètent la mairie de Paris

Photo d’illustration de forages pétroliers de la compagnie pétrolière canadienne Vermilion Energy à Andrezel, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Paris, le 31 août 2017.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Photo d’illustration de forages pétroliers de la compagnie pétrolière canadienne Vermilion Energy à Andrezel, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Paris, le 31 août 2017.

ENVIRONNEMENT - La France a décidément du mal à renoncer au pétrole. Malgré son objectif de sortie des énergies fossiles, en particulier du pétrole d’ici 2040, le gouvernement continue d’autoriser de nouveaux forages sur l’hexagone. C’est le cas à quelques kilomètres au sud de Paris, dans la vallée du Lunain en Seine-et-Marne, où se situe un site exploité par la société Bridge Energies.

Au début de l’année 2024, l’État a discrètement donné son feu vert pour que le concessionnaire creuse deux nouveaux puits de pétrole sur son site, a révélé une enquête du journal Libération ce dimanche 5 mai. Or ce dernier se situe à quelques centaines de mètres de points clés de captage pour l’approvisionnement en eau potable de 180 000 Franciliens, en majorité des Parisiens mais aussi des habitants de Seine-et-Marne.

Ce projet « est une catastrophe environnementale en puissance, à l’heure où les ressources en eau sont de plus en plus menacées », a dénoncé ce lundi 6 mai dans un communiqué la mairie de Paris, dirigée par Anne Hidalgo.

Dans le même temps, son opérateur Eau de Paris a annoncé saisir en référé le tribunal administratif de Melun pour faire suspendre l’arrêté préfectoral du 30 janvier autorisant l’ouverture de travaux sur la concession, estimant que l’extension du site de forage existant compromet « la sécurité de l’alimentation en eau potable de la ville de Paris », mais aussi « la biodiversité » et « la lutte contre le changement climatique ».

« Il y a un risque de pollution de l’eau et des sols »

Dans une vidéo postée sur son compte Twitter ce lundi, le président d’Eau de Paris, Dan Lert, qui est également l’adjoint à la mairie de Paris en charge de la transition écologique, a appelé les Français à se mobiliser contre l’extension de ce projet pétrolier. « C’est une catastrophe en puissance », estime l’élu. « Il y a un risque de pollution de l’eau et des sols par les hydrocarbures. Un incident pourrait se produire lors de l’exploitation ou des forages », alerte-t-il, en précisant avoir déjà relevé deux incidents sur le site par le passé.

Pour le président d’Eau de Paris, le gouvernement « joue avec le feu ». Au journal Libération il résume : « Il s’agit d’extraire et de manipuler des barils de pétrole supplémentaires dans une zone qui a été classée il y a trois ans « périmètre de protection éloignée » au regard des risques de pollution sur l’eau ! Comment le gouvernement peut-il justifier et engager sa responsabilité sur ce choix dangereux et si aberrant face à l’urgence climatique ? »

Des propos suivis par ceux de Greenpeace France, qui fustige dans un communiqué ce lundi « on ne peut pas “en même temps” déclarer que la France sera la première nation à sortir des fossiles et autoriser le développement d’activités pétrolières et gazières sur notre territoire ».

Bridge Energies attend la décision du tribunal

L’entreprise Bridge Energies exploite déjà trois puits, ouverts entre 2012 et 2014 et est titulaire d’une concession d’exploitation du gisement courant jusqu’en 2034. L’État l’a autorisée à en ouvrir deux autres, d’une profondeur de 1 500 m, à l’issue d’une enquête publique.

Dans son avis, l’Autorité environnementale formule un nombre important de recommandations, dont celle « d’analyser et de prévenir les risques d’un accident ou d’un acte de malveillance conduisant à des écoulements d’hydrocarbures pouvant atteindre le Lunain », rivière classée Natura 2000.

Bridge Energies « ne souhaite pas faire de commentaire tant que le tribunal administratif n’a pas rendu sa première ordonnance » sur le recours déposé en urgence, a indiqué à l’AFP son président Philippe Pont. Selon la mairie de Paris, comme l’entreprise productrice de pétrole Bridge Energies, la décision devrait être connue dans les jours qui viennent.

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