Dussopt vante une réforme des retraites « de gauche », la Nupes s’étouffe

Olivier Dussopt lors de l’examen de la réforme des retraites le 10 février à l’Assemblée nationale
Olivier Dussopt lors de l’examen de la réforme des retraites le 10 février à l’Assemblée nationale

POLITIQUE - Même des membres de Renaissance le reconnaissent : la majorité n’a pas vraiment brillé par sa communication depuis la présentation de la réforme des retraites. Une explication de texte laborieuse (et toujours aussi loin de convaincre les Français) à laquelle Olivier Dussopt a apporté, ce samedi 4 mars, sa contribution.

Dans une interview au Parisien, et alors que le projet est à l’examen au Sénat, le ministre du Travail venu des rangs du parti socialiste se dit parfaitement à l’aise avec ce texte qui reporte -entre autre- l’âge légal du départ à la retraite à 64 ans. « C’est une réforme de gauche, qui aurait pu être portée par un gouvernement social-démocrate. Par rapport aux réformes précédentes, elle crée des droits qu’on ne connaissait pas, notamment sur la pénibilité et les aidants », ose l’ancien député de l’Ardèche.

Une réforme de gauche ? L’argument est pour le moins risqué quand on se souvient que le projet est rejeté par l’ensemble du monde syndical et que l’exécutif compte sur les voix de la droite à l’Assemblée nationale et au Sénat pour le faire adopter. Une droite qui, à l’instar du patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, revendique d’ailleurs la paternité de la réforme.

Sans compter le fait que la gauche s’est toujours opposée au report de l’âge légal, à l’image par exemple de ce même Olivier Dussopt lorsqu’il était encore élu PS.

« Grotesque provocation »

Sans surprise, cet élément de langage, qui se retrouve en Une du Parisien ce dimanche, a donc fait bondir du côté des opposants à la réforme. « Et d’ailleurs, mardi 7 mars, comme chacun sait, c’est la bourgeoisie de Neuilly-sur-Seine, l’Amicale des actionnaires du CAC 40 et le modeste Medef qui iront manifester contre cette ’réforme de gauche’ », a ironisé le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.

Député socialiste de l’Essonne, Jérôme Guedj a quant à lui fait allusion à la célèbre œuvre de René Magritte, avant de s’emporter contre la « grotesque provocation » du ministre. « Et moi je suis la reine d’Angleterre », a renchéri la sénatrice PS Laurence Rossignol. « Personne n’a craqué. Vraiment ? », a interrogé le député écolo Benjamin Lucas, en référence au discours d’Olivier Dussopt en conclusion de l’examen du texte à l’Assemblée nationale.

Bref, depuis que le quotidien a publié sa Une, c’est à un véritable festival de blagues (plus ou moins inspirées) auxquels se livrent les représentants de la gauche, ce qui ne les empêche pas d’exprimer leur agacement. Exemples ci-dessous :

Reste à savoir si l’argument du ministre prendra auprès de l’opinion, à deux jours d’une mobilisation sociale d’ampleur qui continue d’avoir le soutien de la population. Selon un sondage YouGov pour Le HuffPost, une courte majorité de Français se dit d’ailleurs favorable à « mettre la France à l’arrêt » mardi 7 mars.

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