A Dubaï, trois rameurs veulent braver l'Arctique pour dénoncer la pollution marine

Des membres de l'expédition The Arctic Challenge s'entraînent dans un centre de formation aéronautique à Dubaï, le 24 juin 2024 aux Emirats arabes unis (Ryan LIM)
Des membres de l'expédition The Arctic Challenge s'entraînent dans un centre de formation aéronautique à Dubaï, le 24 juin 2024 aux Emirats arabes unis (Ryan LIM)

Dans une piscine couverte de Dubaï, aux Emirats arabes unis, trois rameurs s'entraînent sur des vagues artificielles en attendant de braver l'océan Arctique, lors d'une expédition visant à sensibiliser à la pollution marine.

Ces expatriés, deux britanniques et une irlandaise, s'apprêtent à passer d'un extrême à l'autre: de la chaleur estivale du pays du Golfe où ils vivent, aux températures glaciales de l'une des régions du monde les plus affectées par le changement climatique, pour devenir les premiers à tenter la traversée à trois, et avec une femme à bord.

"En réalisant cette expédition, en battant des records et en sensibilisant le public, nous pouvons (...) inspirer des étudiants, des chefs d'entreprise et d'autres à être acteurs du changement qu'ils veulent voir", dit le chef de l'équipe Toby Grégory.

"Le plus grand danger pour notre planète est que tout le monde pense que quelqu'un d'autre la sauvera", ajoute-t-il.

Cet homme de 46 ans, consultant en communication pour des familles princières, a traversé l'océan Atlantique à la rame en 2023 et en est revenu bouleversé.

"J'ai vu beaucoup plus de plastique que ce que j'avais jamais imaginé", raconte-t-il. Selon l'ONU, le plastique représente 85% des déchets marins.

Il fonde alors The Plastic Pledge, un programme dont l'objectif est de sensibiliser sur cette question jusqu'à un million d'écoliers dans différents pays, et lance le "Artic Challenge" en partenariat avec la campagne de lutte contre la pollution marine du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Océans propres.

Avec ses compagnons Andrew Saville, 39 ans, et Orla Dempsey, 30 ans, il embarquera fin juillet à bord d'un bateau de huit mètres battant pavillon émirati, sans voile ni moteur, pour un voyage de 20 à 25 jours.

A la force de leurs bras, les trois rameurs traverseront au moins 1.500 kilomètres, en se relayant toutes les deux heures, de Tromsø, en Norvège, à Longyearbyen, la capitale de l'archipel norvégien du Svalbard, une région qui se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne mondiale.

Le trajet fait environ 1.000 km en ligne droite, mais ils emprunteront un itinéraire sinueux en fonction des marées, des courants et des tempêtes.

En partant à cette période de l'année, où le soleil brille en continu dans la région polaire, ils espèrent maximiser l'utilisation des panneaux solaires installés sur le bateau.

- Entre 0 et 10 degrés -

Pour se préparer à ce défi, l'équipe s'est entraînée pendant près de deux mois en plein air, mais l'été brûlant de Dubaï les a contraint à poursuivre l'entraînement en intérieur.

Ce jour-là au Dynamic Advanced Training Centre, les rameurs se mettent en situation de tempête, en affrontant des vagues, de la pluie, du tonnerre et même des éclairs artificiels.

"La chose la plus importante pour nous est de nous habituer à l'équipement que nous allons porter", explique Andrew Saville, qui occupe le poste de directeur des opérations au port de Dubaï.

Il est plus difficile, concède-t-il, de se préparer aux températures prévues entre 0 et 10 degrés Celsius dans l'Arctique, lorsque le thermomètre affiche plus de 40 degrés à l'extérieur.

Mais le trio peut tout de même compter sur l'une des extravagances du riche émirat, accro à la climatisation: Ski Dubaï, une station couverte au milieu d'un centre commercial.

"Nous avons la chance d'avoir les installations nécessaires pour nous entraîner", estime Orla Dempsey.

En 2021, cette ancienne prof de sport reconvertie dans le domaine de l'éducation numérique avait été l'une des trois membres de l'équipe féminine ayant battu le record de la traversée de l'océan Pacifique à la rame, de San Francisco à Hawaï, aux Etats-Unis.

Aujourd'hui, elle veut devenir la première femme à relever le défi de l'océan Arctique. "Le plus important est que je ne serai pas la dernière, cela ouvrira la voie à d'autre", espère-t-elle.

am/saa/hme