"Dropped" : huit ans après le crash, les familles des victimes réclament un procès pour "faire leur deuil"

Des enquêteurs sur les lieux du crash de deux hélicoptères en plein tournage de

Fin 2022, les juges d'instruction français chargés de l'enquête ont reproché à Adventure Line productions, poids lourd des jeux télévisés d'aventure, d'avoir largement sous-évalué le budget du tournage de l'émission, ce qui aurait provoqué de criantes failles de sécurité.

"Rien n’est oublié, on attend le procès." Huit ans jour pour jour après l'accident d'hélicoptère qui a coûté la vie le 9 mars 2015 à dix personnes en marge du tournage de l'émission Dropped en Argentine, dont la navigatrice Florence Arthaud, la championne olympique de natation Camille Muffat ou le boxeur médaillé olympique Alexis Vastine, les familles des disparus réclament justice.

Dans une vidéo publiée à l'occasion de ce funeste anniversaire, les proches des victimes ont tous réclamé l'ouverture d'un procès. "C’était mon frère", "c’était mon fils", "c’était mon mari", égrènent les familles, qui se succèdent à l'écran.

Présidente de l’association des victimes de Dropped, Valérie Guinard assure auprès de BFMTV qu'il est important d'avoir des réponses pour "faire notre deuil."

"Il faut qu’on puisse avoir accès à certaines vérités, des vérités que l’on va appeler judiciaires et pas la vérité de ce qui s’est réellement passé", précise-t-elle.

"Rien n’a été pensé pour la sécurité"

Fin 2022, les juges d'instruction parisiens chargés de l'enquête sur le crash argentin ont rendu leurs conclusions. Selon eux, la responsabilité du drame incombe directement à la société de production Adventure Line productions (ALP), poids lourd des jeux télévisés d'aventure tels que Koh-Lanta ou Fort Boyard.

Il est reproché à ses dirigeants d'avoir sous-évalué le budget affecté aux moyens aériens, d'avoir fait sélectionner sur des critères principalement financiers les pilotes et les hélicoptères utilisés, au détriment de la sécurité des personnes.

Auprès de BFMTV, Solenn Le Tutour, avocate des parties civiles, déplore ces failles criantes de sécurité relevées le jour du crash. "Rien n’a été pensé pour la sécurité des salariés, des concurrents, y compris des pilotes, pour des raisons d’images, pour faire des belles images", dénonce-t-elle.

"C’est tellement absurde, il y a une certaine vacuité dans cette façon de faire", ajoute la femme de loi.

Cette colère est partagée par plusieurs proches des victimes dont Hubert Arthaud, frère de la navigatrice Florence Arthaud, qui dénonce également "un budget restreint" sur le tournage. "Donc pas de sécurité, des pilotes choisis au dernier moment et qui ne sont pas compétents, le deuxième n’avait que dix heures de formations", précise-t-il.

Dans les colonnes du Parisien, c’est Alain Vastine, père du boxeur Alexis Vastine, qui attaque à son tour ALP.

"Ils ont loué les hélicoptères les moins chers, avec des pilotes inexpérimentés. Tout ça pour dépenser le moins d’argent possible", ajoute-t-il.

ALP déjà condamnée

Cinq personnes, dont des cadres ou dirigeants d'ALP de l'époque, sont mises en examen dans cette information judiciaire pour homicide involontaire. Parmi eux, Nicolas Roussel, alors directeur de production de l'émission, et Peter Högberg, chargé de sécurité lors du tournage.

En juillet 2022, ALP a été condamnée en appel à Amiens pour "faute inexcusable" et devra indemniser la famille d'un ingénieur du son victime de l'accident mortel. La cour d'appel d'Amiens a condamné la société à verser la somme totale de 90.000 euros de dommages et intérêts à la veuve et aux deux fils d'Édouard Gilles mort à l'âge de 61 ans, contre 80.000 euros en première instance. À ce jour, aucune date de procès n'est fixée.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Crash d'hélicoptères sur le tournage de "Dropped" : sept ans après, cinq personnes mises en examen