Drones en guerre : comment ils sont passés d'armes de riches à outils de guérilla
Le Predator ou le Reaper américain étaient, au début du siècle, la marque d'une domination technologique sur le champ de bataille. Avec l’invasion russe de l’Ukraine de février 2022, la menace des drones a pris une autre dimension.
2002. Dans le ciel de l’Afghanistan, ils hantent les cieux comme le font en plein océan des requins en maraude. Les drones HALE (high altitude long endurance) ou MALE (Medium Altitude Long Endurance) y sont tout à la fois l’œil de Sauron qui voit tout, et l’épée de Damoclès qui peut frapper à tout instant.
Durant presque deux décennies, des machines au nom évocateur de “Predator”, ou de “Reaper” (la faucheuse), ont effectué des dizaines de milliers de frappes de missiles. Pourvues d’une liaison satellite, ces machines peuvent être pilotées en temps réel, durant des dizaines d’heures, dans le ciel de l’Afghanistan de l’Irak ou du Pakistan, tandis que leur poste de pilotage demeure dans une base militaire du Nevada.
Elles ont donc constitué longtemps un formidable outil pour éliminer de façon ciblée un ennemi n’ayant pas la suprématie aérienne, sans risquer la vie de soldats sur le terrain.
Naturellement, une telle capacité exige un portefeuille bien rempli : comptez entre 15 et 30 millions de dollars pour un Reaper. Il ne faudra cependant qu’une quinzaine d’années pour que le drone passe du statut d’"arme du plus fort" à outil de base de la plupart des groupes armés. Notamment du fait de l’apparition du drone de loisir.
La massification du marché
En effet, début de la décennie 2010, arrivent sur les rayons de l’électronique de loisir les premières caméras volantes très faciles à piloter. "Sur le plan des performances, comparer ces machines à des drones militaires de type Predator ou Reaper reviendrait à chercher les similitudes entre un 38 tonnes et une charrette à bras" souligne Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Institut Français des Relations Internationales, sur les thématiques de l’armement.
Et pourtant, ces "charrettes à bras" vont bouleverser le champ de bataille. Car pour répondre à la demande du marché des drones de loisirs, la fabrication devient massive. Dès 2013, il est possible de se procurer pour quelques milliers de dolla[...]
Lire la suite sur sciencesetavenir.fr