Yahoo Actualités Droits TV de la Ligue 1: Labrune revoit ses ambitions à la baisse, les présidents de clubs et les diffuseurs s’inquiètent
C'est un réveil pas comme les autres qu'ont vécu ce dimanche matin les diffuseurs de la Ligue 1. Au moment d'allumer leurs téléphones et d'aller sur les réseaux sociaux, tous découvrent la nouvelle estimation du championnat de France faite par Vincent Labrune. Comme révélé par L'Equipe, le patron de la Ligue de football professionnel a revu ses ambitions initiales à la baisse... et vise maintenant les 500 millions d'euros pour les droits TV du championnat de France (hors droits internationaux). Un montant bien loin du milliard avancé à l'été 2023.
Sur le papier, ce changement d'objectif pourraît être vu comme une bonne nouvelle en plein milieu des négociations. Mais cela a eu clairement l'effet inverse ce dimanche, en provoquant une vague d'inquiétude mélangée à de l'ironie.
"Le boucher avant: 'Merguez à 5 euros, 5 euros les merguez, elles sont merveilleuses les merguez'. Le boucher aujourd'hui quand un client s’approche: 'Oui 5 euros les merguez, mais si vous voulez donner plus, ne vous gênez surtout pas'", commente une source proche d'un premier média avec humour. Un autre média se montre encore plus désabusé: "Ce n'est pas une surprise... Je pense que personne ne réalise ce qu'il s'est passé sur la dernière année. Peut-être même sur les quatre dernières années. C'est tout simplement fou."
Où en est le plan B ?
Reste aujourd'hui le "plan B" travaillé par la LFP avec notamment les FAI (Orange, Free...) pour une chaîne 100% Ligue 1 à 25 euros par mois. Une nouvelle option activée la semaine dernière par l'instance et appuyée cette semaine en coulisses auprès des opérateurs. "Et si depuis le début, avec l’annonce du plan B, avec des calculs comparables à ceux de Jaume Roures à l’époque Mediapro, Vincent Labrune ne cherchait pas uniquement à préparer les présidents de clubs à des revenus beaucoup moins importants?", s'interroge un proche des discussions. Mais rien n'est encore fait pour ce plan B, puisque certains médias voient l’arrivée de cette chaîne 100% Ligue 1 comme celle d’un nouveau concurrent. Et comme cela est de coutume dans les négociations, lorsqu'un prix est affiché, les diffuseurs vont tout faire pour que l'addition baisse. Hors de question déjà pour certains d'eux de verser le montant aujourd'hui demandé par le patron de la LFP, soit un demi-milliard d'euros. L'instance entend donc dans les prochains jours se rapprocher des médias qui ne dépendent pas uniquement d'une chaîne, mais plutôt basés sur un modèle de plateforme.
Ajoutez à cela le fait que les clubs devront signer des chèques en faveur du fonds CVC. Un rattrapage qui devrait s'approcher des 106,8 millions d'euros. Sans compter la compensation en pourcentages supplémentaires (13% aujourd'hui), en cas de 500 millions d’euros au final pour les droits.
Un début de contestation des présidents de club ?
Chez certains dans le monde fédéral, l’inquiétude est de mise sur ces droits télévisés de la Ligue 1 mais aussi de la Ligue 2. La LFP reverse en effet un montant significatif à la Fédération française de football. Même si l'instance n’a rien à craindre vu son budget solide, une défaillance du championnat tourmente les présidents des Ligues rencontrés samedi en marge de l’assemblée générale de la FFF. Les clubs professionnels alimentant aussi les territoires et la formation, une baisse significative des droits TV pourrait avoir un impact non négligeable sur tous ces domaines.
Des présidents ont aussi montré une vraie inquiétude sur l’avenir de la Ligue 2 avec des clubs qui ont des budgets moins importants et surtout plus dépendants des droits. Officiellement, tout le monde fait corps derrière le président de la LFP. Officieusement, certains commencent à montrer des signes d’agacement et d’inquiétude sur ce dossier. Au point aussi d'émettre des interrogations sur la capacité de Vincent Labrune à mener cette mission à bien jusqu'au bout. Des doutes qui commencent aussi à émerger chez les diffuseurs.
