Yahoo Actualités Droit des personnes transgenres : la Suède adopte deux lois pour simplifier les démarches de transition de genre
TRANSIDENTITÉ - Ce n’est pas un, mais deux pas en avant pour les personnes transgenres en Suède. Le Parlement a voté ce mercredi 18 avril deux nouvelles lois, l’une abaissant de 18 à 16 ans l’âge minimum pour changer de genre à l’état civil et l’autre facilitant l’accès à des interventions chirurgicales. Après six heures de débat houleux, les députés ont adopté ces textes par 234 voix pour et 94 contre sur les 349 sièges du « Riksdag ».
L’élu marseillais Nathanaël Bignon annonce sa transition de genre dans la presse
Après leur entrée en vigueur le 1er juillet 2025, le changement à l’état civil deviendra possible dès 16 ans. Pour les moins de 18 ans, l’accord des parents, d’un médecin et de la Direction nationale de la santé et des affaires sociales sera nécessaire. Un diagnostic de « dysphorie de genre », établissant qu’une personne souffre en raison d’un décalage entre son genre attribué à la naissance et celui auquel elle s’identifie, ne sera plus exigé.
Des divisions politiques
Pour Muharrem Demirok, à la tête du parti du centre, « la Suède dispose enfin d’une loi moderne sur l’identité de genre » qui permettra aux concernés d’avoir « une vie fonctionnelle ».
Le texte, qui doit simplifier cette procédure de changement de l’état civil, a affaibli le Premier Ministre conservateur Ulf Kristersson, selon les analystes. Le chef du gouvernement ayant reconnu qu’il avait dû plier devant certains courants de son parti.
Si le Premier Ministre a jugé la proposition de loi « équilibrée et responsable », sa coalition était divisée entre, d’un côté, Modérés et Libéraux favorables au texte et, de l’autre, Chrétiens Démocrates et Démocrates de Suède - soutiens de l’exécutif - qui s’y opposaient. L’appui de l’opposition de gauche a permis de dégager une majorité.
« Procédure très longue »
Aujourd’hui, « la procédure est très longue, changer de genre à l’état civil peut prendre jusqu’à sept ans en Suède », a dit à l’AFP Peter Sidlund Ponkala, président de la Fédération nationale pour les droits des LGBT + (RFSL).
La chirurgie de transition de genre restera autorisée à partir de 18 ans seulement mais ne nécessitera plus l’accord de la Direction nationale de la santé. L’ablation des ovaires ou des testicules ne sera permise qu’à partir de l’âge de 23 ans, comme aujourd’hui.
Un grand nombre de pays européens ont déjà adopté des lois facilitant la transition de genre à l’état civil. Invoquant la prudence, la Suède a décidé en 2022 de limiter l’accès aux traitements hormonaux de changement de genre pour les mineurs, et a drastiquement restreint le recours à l’ablation des seins chez les adolescentes.
Augmentation des diagnostics de dysphorie de genre
Le pays nordique constate une augmentation des cas de dysphorie de genre, une tendance particulièrement visible chez les 13-17 ans nés de sexe féminin, avec une évolution de 1 500 % depuis 2008, selon la Direction de la santé. Un pourcentage à remettre dans son contexte, puisque le nombre de diagnostics est passé de 4 à 77 pour 100 000 adolescentes - et de 2 à 23 diagnostics pour 100 000 habitants chez les adolescents.
Dans une société suédoise longtemps ouverte au changement de genre, responsables politiques, universitaires, professionnels de la santé et commentateurs se sont déchirés sur ce projet. Selon un sondage publié cette semaine, près de 60 % des Suédois y étaient opposés, tandis que 22 % seulement le soutiennent.
Pour éclairer la hausse des cas de dysphorie de genre, des politiques réclamaient aussi des études supplémentaires. Le président de la RSFL juge, lui, que la simplification de la loi est importante pour les personnes transgenres qui sont « vulnérables ». « Ils doivent affronter de nombreux risques (..) Nous voyons que le climat politique s’est durci », ajoute-t-il.
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