"La douce sensation de s’être fait ni…", le dépit des clubs pros sur la guerre de l'arbitrage

"La douce sensation de s’être fait ni…", le dépit des clubs pros sur la guerre de l'arbitrage

"On a la douce sensation de s’être fait ni…" Ce président de club n’y va pas par quatre chemins pour résumer le sentiment des clubs professionnels suite à la convocation de Stéphane Lannoy (DTA en charge du foot pro) à la FFF avant un probable licenciement.
Réunis ce mercredi en collège de Ligue 1, les présidents de clubs ont fait un constat clair. "Il y a un dysfonctionnement profond de l’arbitrage français. Ce n’est pas qu’une question de personne", déplore ce patron de club. Jean-Pierre Caillot, président du collège de Ligue 1, passionné par l’arbitrage, a exposé en début de réunion l’organisation complexe de l’arbitrage français. Et beaucoup de présidents ont appris des choses qu’ils ignoraient.

"C’est donc la CFA (Commission Fédérale de l’Arbitrage) qui a tous les pouvoirs: désignation, supervision, relégation… ce n’est pas possible", déplore un président qui se bat pour le maintien. "Au moment des nominations en janvier 2023 après le départ de Garibian, on a voulu trouver un compromis mais ils ont réussi à nommer deux personnes (Lannoy et Gautier) qui ne peuvent pas se voir pour raisons personnelles. Mais ça on ne le savait pas. On l’a découvert plus tard", ajoute un autre membre du collège.

"Nous ne sommes pas contre les arbitres. Ce sont des hommes. Ils ont besoin de sérénité. Mais comment est-ce possible dans ce panier de crabes?"

Certains présidents aimeraient renverser la table pour avoir une organisation de l’arbitrage moins politique. Mais ils se heurtent au règlement de la FIFA qui impose que les ligues professionnelles n’aient pas leur mot à dire sur l’organisation de l’arbitrage pour préserver l’indépendance des hommes en noir. "Oui OK mais on les paie, et même très bien. Un arbitre de Ligue 1 gagne plus de 100.000 euros par an. C’est normal qu’on ait notre mot à dire. Le comité de liaison avec des membres du foot pro et la CFA, évoqué depuis des mois, ne s’est jamais réuni! Il faut qu’on se parle, et vite, pour assurer une bonne fin de saison", demande ce président expérimenté.

"Nous ne sommes pas contre les arbitres. Ce sont des hommes. Ils ont besoin de sérénité. Mais comment est-ce possible dans ce panier de crabes? On demande trois choses: de l’équité, de la transparence et de l’indépendance", ajoute ce président qui joue l’Europe.

Alors que Stéphane Lannoy devrait être licencié par la FFF, la fin de saison sera dirigée par Antony Gautier (DTA en chef, supérieur hiérarchique de Lannoy) qui récupèrera la gestion des pros pour la fin de saison. Et après? "Ça m’étonnerait que Philippe (Diallo) ne fasse grand-chose à six mois des élections fédérales. Il a besoin du soutien des Ligues pour se faire réélire. Et qui est président de la puissante Ligue Méditerranée? Le président de la Commission Fédérale de l’Arbitrage, membre du Comex (Eric Borghini). Tout est vérolé. On marche sur la tête", se désole ce même président.

Avant le collège de Ligue 1 de ce mercredi, le président de la FFF Philippe Diallo a appelé plusieurs présidents pour prendre la température et leur dire qu’il était conscient de la situation et des dysfonctionnements en cours. Actuellement en tournée fédérale dans les territoires ultra marins, le patron de la "3F" veut prendre son temps sur ce sujet très sensible. Une rencontre avec Eric Borghini est prévue prochainement pour tenter de trouver une sortie de crise. Contacté par RMC Sport, le patron de la CFA n’a pas souhaité s’exprimer. En attendant, il y a une saison à finir avec de forts enjeux sportifs et un arbitrage qui sera scruté de très près.

Article original publié sur RMC Sport