Données personnelles : comment « l'industrie de l'influence » traverse l'Afrique ?

En Afrique, la faiblesse de l'arsenal juridique sur la sécurité des données personnelles fait du continent une proie facile pour les entreprises qui y mènent déjà de nombreuses expérimentations.
En Afrique, la faiblesse de l'arsenal juridique sur la sécurité des données personnelles fait du continent une proie facile pour les entreprises qui y mènent déjà de nombreuses expérimentations.

« Changer le comportement des cibles (des électeurs). » C'est ainsi qu'une ex-responsable de Cambridge Analytica résume le rôle de ce cabinet britannique d'analyse de données dans le documentaire The Great Hak : l'affaire Cambridge Analytica. L'illustration qui suit fait froid dans le dos. Lors de la présidentielle de 2010 à Trinidad-et-Tobago en 2010, Cambridge Analytica intervient en faveur du parti majoritairement indien (UNC) opposé au « parti pour les Noirs », comme l'explique une vidéo (non publique) de présentation de Cambridge Analytica. La technique ? « Nous avons dit au client : "il faut viser les jeunes". Nous avons essayé d'encourager l'abstentionnisme. La campagne devait être apolitique, car les jeunes s'en foutent. Elle devait être réactive, car ils sont fainéants. On a donc inventé une campagne qui disait : "rejoins le groupe, soit cool, fais partie du mouvement". C'était la campagne do so (fais comme ça) », détaille la voix off de la vidéo de présentation de Cambridge Analytica. En un claquement de doigts apparaissent un logo (poings croisés au-dessus de la tête), des tee-shirts, chorégraphies, chansons, affiches et vidéos sur YouTube à l'effigie de « Do So ». Au final, l'UNC l'emporte, et la différence de l'abstention entre jeunes Indiens et jeunes Afro-Caribéens s'établit à 40 %.

Cambridge Analytica est connu pour avoir travaillé pour le candidat Donald Trump lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, pour la campagne en faveur [...] Lire la suite