Donald Trump qualifié de « dictateur en herbe » par le général Mark Milley, chef d’état-major de l’armée

Le général Mark Milley, chef d’état-major des forces armées américaines, lors de son discours de départ à la retraite le 29 septembre 2023, à la base interarmées Myer-Henderson Hall à Arlington, en Virginie.
MSNBC / Capture d’écran Le général Mark Milley, chef d’état-major des forces armées américaines, lors de son discours de départ à la retraite le 29 septembre 2023, à la base interarmées Myer-Henderson Hall à Arlington, en Virginie.

ÉTATS-UNIS - Il a dû gérer les forces armées américaines, tout en respectant les ordres d’un président colérique. À l’occasion de sa cérémonie de départ en retraite, le général Mark Milley, chef d’état-major des forces armées américaines a envoyé une dernière pique à Donald Trump, qu’il a servi pendant quatre ans dont 15 mois à ce poste majeur.

Lors de son discours depuis la base interarmées Myer-Henderson Hall, en Virginie, le général a déclaré à propos des forces armées américaines : « Nous ne prêtons pas serment à un roi, à une reine, à un tyran ou à un dictateur, et nous ne prêtons pas serment à un aspirant dictateur ». Il a ensuite ajouté : « nous prêtons serment à la Constitution », comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo ci-dessous.

Gérer « une crise après l’autre »

Selon un livre récent du journaliste d’investigation Bob Woodward, à la fin de l’ère Trump, le général Milley avait contacté à plusieurs reprises son homologue chinois pour le rassurer sur la position américaine, sans en avertir le président républicain, dont il s’inquiétait.

« C’était une crise après l’autre », sans interruption, confiait récemment Mark Milley à l’AFP à propos de son mandat qui avait commencé en octobre 2019.

Aux côtés du ministre Lloyd Austin, l’actuel chef d’état-major a notamment piloté l’aide militaire américaine à l’Ukraine face à l’invasion russe. Son passage a aussi été marqué par la débâcle américaine à Kaboul, quand, en août 2021, les talibans ont repris le contrôle de l’Afghanistan à l’issue d’une guerre de vingt ans qualifiée par Mark Milley lui-même d’« échec stratégique ».

Le général Milley avait aussi exprimé son regret d’avoir été présent aux côtés de Donald Trump quand le président avait fait disperser une manifestation du mouvement « Black Lives Matter » devant la Maison Blanche pour aller se faire prendre en photo devant une église, bible à la main.

Coupable de « trahison » pour Donald Trump

Lors de la cérémonie, l’actuel président américain Joe Biden a pour sa part salué un « patriote, intransigeant dans l’accomplissement du devoir, inébranlable face au danger et d’un dévouement indéfectible à son pays ». Son « aide a été inestimable », a-t-il ajouté, affirmant que le général avait toujours « été guidé par la Constitution »

S’il n’a pas encore réagi à la pique de l’ex chef d’état-major, Donald Trump avait récemment laissé entendre que Mark Milley s’était rendu coupable de « trahison » et qu’en d’autres temps il aurait été exécuté.

Charles « C.Q. » Brown, actuellement à la tête de l’armée de l’air, va succéder à Mark Milley. Après Colin Powell dans les années 1990, il sera le second Afro-Américain à occuper le poste de plus haut gradé de l’armée considérée la plus puissante du monde.

Ce général avait été remarqué à l’été 2020, justement en pleines manifestations « Black Lives Matter » contre le racisme, dans la foulée de la mort de George Floyd, tué par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota). Le haut gradé avait publié une vidéo dans laquelle il faisait état des discriminations qu’il avait lui-même subies, y compris dans l’armée.

La confirmation par le Sénat du général Brown a été longtemps retardée en raison du blocage délibéré d’un sénateur conservateur pour manifester son opposition à la décision du Pentagone d’aider les femmes militaires à obtenir un avortement. C.Q. Brown a finalement été confirmé par un vote contournant ce blocage.

De nombreuses autres nominations restent toutefois bloquées et Joe Biden a jugé « complètement inacceptable que plus de 300 autres militaires hautement qualifiés soient ainsi maintenus dans l’incertitude ».

À voir également sur Le HuffPost :

Présidentielle américaine : DeSantis n’a pas épargné Trump au débat des républicains et ce n’est pas anodin

Joe Biden rejoint les ouvriers de l’automobile dans le Michigan, et devient le premier président américain à faire un piquet de grève