Donald Trump et les documents « top secret » : tout ce que l’on sait sur l’enquête du FBI

Former U.S. President Donald Trump arrives at Trump Tower the day after FBI agents raided his Mar-a-Lago Palm Beach home, in New York City, U.S., August 9, 2022. REUTERS/David 'Dee' Delgado - RC2CTV9N4UVX
David Dee Delgado / REUTERS Former U.S. President Donald Trump arrives at Trump Tower the day after FBI agents raided his Mar-a-Lago Palm Beach home, in New York City, U.S., August 9, 2022. REUTERS/David 'Dee' Delgado - RC2CTV9N4UVX

David Dee Delgado / REUTERS

Donald Trump, le 9 août 2022 à New York.

ÉTATS-UNIS - Événement spectaculaire et sans précédent pour un ancien président américain, la résidence de Donald Trump en Floride a fait l’objet d’une perquisition le 8 août dernier. Vendredi, le mandat de perquisition rendu public a révélé que la justice soupçonne le républicain d’avoir violé une loi américaine sur l’espionnage qui encadre très strictement la détention de documents confidentiels.

Le HuffPost fait le point sur une semaine de révélations et de bataille de communication entre l’ancien président républicain et le ministère américain de la Justice.

  • Ce qu’a trouvé le FBI

Une trentaine d’agents du FBI, selon le fils de Donald Trump, Eric, ont débarqué dans la résidence de l’ex-président, en Floride. Donald Trump se trouvait dans le New Jersey à ce moment-là. Une fois à l’intérieur, ils ont perquisitionné le domicile pendant plusieurs heures, y compris un coffre-fort, selon le milliardaire.

La police fédérale américaine a saisi des documents marqués « top secret » ou « secret » ou « confidentiel » lors de la perquisition de la luxueuse résidence de Mar-a-Lago, avec ses 58 chambres et 33 salles de bains, selon des documents judiciaires publiés vendredi. Un document « 1A Info re : président de la France », sans autres précisions, a également été retrouvé.

Une trentaine de cartons ont été saisis, ainsi que des classeurs avec des photos et une note manuscrite, selon l’inventaire. Les enquêteurs ont, plus précisément, saisi des documents classifiés au plus haut niveau, ne pouvant être consultés que dans des bureaux sécurisés appartenant au gouvernement fédéral, rapporte Le Monde. En janvier dernier, Donald Trump avait déjà dû remettre aux Archives nationales 15 cartons remplis de documents.

De quoi Trump est-il accusé ?

La loi oblige les présidents américains à transmettre l’ensemble de leurs e-mails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales américaines. Le magnat de l’immobilier est soupçonné d’avoir violé une loi américaine sur l’espionnage qui encadre très strictement la détention de documents confidentiels. Mais d’après des experts, le fait d’invoquer cette loi ne signifie pas que l’ancien président risque d’être accusé d’espionnage.

« La loi sur l’espionnage comprend un tas de crimes qui n’ont rien à voir avec l’espionnage », a déclaré l’avocat spécialiste de ces questions Bradley Moss, sur Twitter.

Jeudi, au cours d’une brève allocution télévisée, avant que les motifs de la perquisition ne soient dévoilés, le ministre de la Justice Merrick Garland a assuré avoir « personnellement approuvé » cette perquisition et expliqué qu’une telle décision n’était jamais « prise à la légère ». Il a ajouté que l’affaire revêtait un « intérêt public important », à trois mois des élections législatives de mi-mandat.

Deux autres lois sont invoquées dans le mandat de perquisition visant Trump : la soustraction ou à la destruction d’archives officielles et l’interdiction de destruction ou de dissimulation de documents aux fins de faire obstruction à une enquête fédérale.

  • La contre-attaque de Trump

Outré, Donald Trump a raconté, le jour de la perquisition sur son réseau social Truth Social que ses avocats coopéraient « pleinement » avec les autorités lorsque « soudain et sans prévenir, la villa Mar-a-Lago a été perquisitionnée, à 6h30 du matin, par un TRÈS grand nombre d’agents ». Il s’est notamment plaint du fait que les agents du FBI aient « fouillé les placards de la Première dame » Melania Trump.

Mercredi, il a même suggéré que la police fédérale ait pu avoir « placé » de fausses preuves contre lui lors de cette opération. Le ministre de la Justice a dénoncé des « attaques infondées » contre son ministère et les agents de la police fédérale.

Et vendredi, peu avant la publication des documents, l’ex-président a assuré, dans un communiqué, que les documents récupérés par le FBI avaient tous été « déclassifiés ». « Ils n’avaient pas besoin de saisir quoi que ce soit (...) Ils auraient pu les obtenir quand ils le voulaient sans faire de la politique ou cambrioler Mar-a-Lago », a-t-il ajouté.

Ce 15 août, en indiquant avoir vu ses passeports saisis lors de la perquisition, le républicain s’est dit victime d’une « attaque contre un opposant politique comme on n’en a jamais vu dans notre pays ».

  • Pourquoi le ministère américain de la Justice s’oppose à la publication des raisons de la perquisition ?

Le ministère de la Justice a assuré ce lundi qu’une telle publication « nuirait de manière irréparable à l’enquête pénale en cours », selon un document judiciaire. Plusieurs organisations, dont des médias, avaient pourtant demandé à un juge de publier un document judiciaire dans lequel les enquêteurs expliquent habituellement pourquoi la perquisition était nécessaire.

Selon le ministère, le document contient « des informations très sensibles sur des témoins », des techniques utilisées par la police et des faits « extrêmement importants sur l’enquête », a estimé le ministère. Sa publication pourrait révéler la stratégie des enquêteurs et « compromettre (la réussite) de prochaines étapes de l’investigation », a-t-il ajouté.

  • L’affaire des documents « top secret », la dernière d’une série d’imprudences

Au cours de ses années passées à la Maison Blanche, Donald Trump a parfois manipulé ou utilisé des informations confidentielles avec une certaine légèreté. En août 2019, il avait tweeté une image de ce qui semblait être une photographie en haute résolution d’un pas de tir pour fusée ou missile en Iran. Après une réunion avec ses services de renseignement, il avait confirmé avoir pris la photo.

Le 10 mai 2017, Trump avait révélé au ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov et à l’ambassadeur russe aux États-Unis des informations détaillées sur les capacités d’attaque de l’organisation État Islamique (EI). Ces éléments hautement protégés venaient d’Israël, vivement irrité de voir ces informations données aux Russes.

Lors d’une conversation téléphonique en avril 2017, le milliardaire avait dit à son homologue des Philippines, Rodrigo Duterte, que deux sous-marins nucléaires américains naviguaient au large des côtes nord-coréennes, emportant avec eux « une énorme force de frappe », selon la présidence philippine. La localisation des sous-marins nucléaires, éléments centraux de la dissuasion nucléaire américaine, est pourtant un secret bien gardé par le Pentagone.

Dans un entretien avec le journaliste vedette américain Bob Woodward en 2019, Donald Trump avait évoqué l’existence d’un outil nucléaire américain secret « que jamais personne n’a eu dans ce pays auparavant ». « Nous avons quelque chose dont Poutine ou Xi n’ont jamais entendu parler », avait-il poursuivi.

En révélant la mort dans un raid américain du leader de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi en octobre 2019, l’ex-président avait égrainé nombre de détails habituellement gardés secrets par le Pentagone : le nombre d’hélicoptères impliqués, entrée des commandos dans le bâtiment, espionnage préalable via les téléphones et internet de l’EI, etc.

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