"On doit répondre aux angoisses": les députés macronistes se projettent déjà dans l'après-retraites

Un cycle de consultations lancé par Élisabeth Borne et l'avenir de la réforme des retraites qui dépend de décision du Conseil constitutionnel d'ici le 14 avril. Dans ce "temps suspendu", comme l'appelle un conseiller ministériel, les députés veulent reprendre la main.

"On ne peut pas attendre sans rien faire. Il y a un petit côté 'il est urgent d'attendre' qui est insupportable. On ne nous propose pas grand-chose, donc on reprend nous-même la main", s'agace un parlementaire macroniste.

Reprendre les discussions avec les syndicats

Autant dire que le raout organisé par Emmanuel Macron à l'Élysée le 21 mars dernier autour des parlementaires de la majorité ou les échanges avec les présidents de groupe à Matignon, ne semblent guère suffisants vus de l'Assemblée nationale.

Bien consciente de la situation, Aurore Bergé, la patronne des députés Renaissance veut lancer l'ouverture immédiate de discussions avec les syndicats sur l'accord interprofessionnel sur le partage de la valeur ajoutée.

Techniques sur le papier, ces négociations visent à faciliter le versement de la participation et de l'intéressement dans toutes les entreprises qui comptent entre 11 et 49 salariés si elles dégagent, durant trois années consécutives, un bénéfice significatif, au moins égal à 1 % de leur chiffre d’affaires.

"Être le parti de ceux qui travaillent"

De quoi y voir une façon d'arrondir les fins des mois des salariés dans un contexte de très forte inflation, tout en renouant une relation avec les syndicats, très dégradée depuis la réforme des retraites.

"On doit être le parti de ceux qui travaillent et répondent aux angoisses des salariés avec une exigence de résultats clairs et rapides", décrypte le député Renaissance Robin Reda.

Sans toutefois faire de vagues. Parmi les députés qui vont s'atteler à ce dialogue avec les centrales syndicales, on trouve des très proches d'Emmanuel Macron, notamment David Amiel, son ancien conseiller à l'Élysée, Marc Ferraci, l'un de ses très intimes ou encore d'ex-lieutenants de Bruno Le Maire comme Louis Margueritte. Autant dire que l'exécutif gardera la main sur les discussions.

"La pression pour venir avec des idées"

Aurore Bergé organisera également mercredi prochain un séminaire de travail autour d'un déjeuner puis d'ateliers qui reprennent les thèmes évoqués par le président lors de son interview sur TF1 et France 2. Au menu: la santé, l'écologie et les écoles.

"On nous a bien mis la pression pour venir nombreux et avec des idées, de préférence bonnes pour pouvoir après les remonter à l'Élysée", résume un cadre du mouvement.

Certains doutent cependant de la réussite de l'exercice alors que la sortie de crise semble très loin, entre des Français qui continuent de massivement rejeter la réforme et des syndicats déterminés à continuer à descendre dans la rue.

"On ne voit pas vraiment où on va"

Quant au président, il ne semble lui-même ne plus avoir beaucoup de bande-passante après son interview dans les journaux télévisés de 13 heures qui n'a pas changé la donne.

"Je plaide pour un moratoire de 2 ou 3 mois parce qu'on sait bien qu'on ne va pas apaiser le pays avec de nouveaux projets de loi. On doit être capable de dire où on va même si pour l'instant, on ne voit pas vraiment", tance de son côté Ludovic Mendes, un député de l'aile gauche de la majorité.

Dans les rangs de la majorité, on table sur la recherche d'une "idée de génie" du chef de l'État pour sortir du marasme. En attendant, l'intersyndicale organise une nouvelle journée de mobilisation le 6 avril prochain.

Article original publié sur BFMTV.com