Des dizaines d'étudiants en médecine et infirmiers privés de prime Covid-19

Patient atteint du Covid-19 pris en charge à l'hôpital Lariboisière à Paris, le 27 avril 2020  - JOEL SAGET
Patient atteint du Covid-19 pris en charge à l'hôpital Lariboisière à Paris, le 27 avril 2020 - JOEL SAGET

Ils sont plusieurs centaines à avoir aidé le personnel soignant depuis le début de la crise sanitaire. Pourtant, tous les étudiants infirmiers ou en médecine ne pourront pas bénéficier de la prime "Covid". Un chèque de 1500 euros leur a été promis pour les remercier d'avoir prêté main-forte dans les hôpitaux et centre médico-sociaux afin de s'occuper des milliers de patients atteints du coronavirus. Finalement, à cause de critères très stricts et d'un budget limité, de nombreux étudiants ne pourront pas toucher cette enveloppe promise par le gouvernement.

30 jours calendaires minimums

Le décret, publié le 13 juin au Journal Officiel, "permet aux employeurs publics de verser une prime exceptionnelle d'un montant de 1500 euros ou de 1000 euros aux personnels" affectés dans les hôpitaux et Ehpad "dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19". Les dispositions précisent que les personnes éligibles doivent avoir travaillé "pendant une durée cumulée d'au moins 30 jours calendaires équivalents à un temps plein ou complet."

Au plus fort de l'épidémie, Lucie Vial, étudiante en 4ème année de médecine, s'est portée volontaire pour éliminer toute trace du coronavirus dans un centre hospitalier de Saint-Etienne (Loire).

Elle devait "nettoyer l'ascenseur (...), les poignées, les interrupteurs, les rambardes des couloirs, explique-t-elle à BFMTV. J'essayais d'aller aider les autres membres de l'équipe."

"C'est plus par conviction que par avidité"

Elle aurait pu bénéficier de cette prime, mais ne totalise que 28 jours de travail, alors que le décret en impose deux de plus.

"On peut se dire qu'on abuse par moment de notre passion. Ce n'était pas pour être payée, c'était surtout pour aider, parce qu'on n'arrêtait pas de nous rabâcher aux Infos qu'il y avait des difficultés dans les hôpitaux, qu'il y avait du manque de matériel. C'est plus par conviction que par avidité", soutient-elle.

Comme elle, environ 70 étudiants de la faculté de médecine de Saint-Etienne vont devoir rembourser la prime, qui leur a été versée par erreur fin juin.

Le décret n'autorise la prime que pour les étudiants ayant apporté leur aide entre le 1er mars et le 30 avril 2020. À Angers (Maine-et-Loire), une trentaine d'étudiants infirmiers ne toucheront donc pas l'enveloppe, car n'ayant pas aidé les hôpitaux dans les dates précises imposés par le décret, mais entre le 30 mars et le 27 avril.

"Ces étudiants se retrouvent sans rien, alors qu’ils étaient tous mobilisés en secteur Covid au CHU. C’est tout simplement injuste", s'indigne dans les colonnes d'Ouest-France Emmanuel Dubourg-Davy, secrétaire général Force Ouvrière.

Une précarité grandissante

Pour l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), cette aide est pourtant essentielle, face à une précarité qu'elle juge grandissante:

"Nous avons réalisé une enquête précarité sortie en novembre 2019 où près d'un quart des étudiants en médecine ont déjà pensé à arrêter leurs études pour des raisons financières", rappelle à notre antenne Morgane Gode-Henric, présidente de l'association.

En juillet, dans le cadre du Ségur de la Santé, le gouvernement avait annoncé une hausse inédite du salaire des étudiants en médecin, passant par exemple de 289€ brut par mois à 390€ pour un élève en 3ème année. "Une avancée sans précédent", saluait alors l'ANEMF.

Article original publié sur BFMTV.com