Les divisions et les contradictions de l’UE au Proche-Orient

Le Conseil européen s'était engagé il y a près d'un quart de siècle à reconnaître un "Etat palestinien en temps voulu". Mais jusqu'à maintenant, seuls 9 des 27 Etats membres l'on fait.

Les analystes estiment qu'il serait très utile que certains des gouvernements qui se sont montrés les plus engagés pour appeler à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza franchissent le pas.

"La question de la reconnaissance n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de l'incohérence entre le soutien rhétorique de l'UE en faveur de la paix, de la solution à deux États et du droit international, et l'absence d'actions qui iraient dans le même sens", explique Martin Konecny, directeur du European Middle East Project.

Si neuf pays membres reconnaissent la Palestine, beaucoup d'entre eux sont plutôt alignés sur Israël.

Malgré les divisions entre les 27, la position officielle de l'UE est la relance du processus de paix pour parvenir à une solution à deux Etats.

"On est horrifiés aussi de voir le nombre de morts, le nombre de blessés, les destructions augmenter chaque jour. On ne peut pas rester indifférent à ça et on doit œuvrer à une solution. C'est la seule voie possible. C'est retourner à la table des négociations. C'est travailler sur une solution à deux États, permettre aux Palestiniens de vivre en paix, d'avoir une perspective d'avenir", insiste Hadja Lahbib, ministre belge des Affaires étrangères dont le pays occupe la présidence semestrielle du Conseil de l’UE.

La reconnaissance de la Palestine en tant qu'Etat par davantage de gouvernements pourrait contribuer à renforcer la crédibilité de l'Autorité palestinienne pour diriger la bande de Gaza à la place du Hamas.

Mais pour certains analystes, l'Union doit pour cela affronter un autre tabou : celui de sa la loyauté à l'égard d'Israël.

"Il s'agit également des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie, qui empêchent en fait la possibilité d'un État palestinien parce qu'elles s'installent sur un territoire où l'État devrait être établi. Et nous continuons à faire du commerce avec elles comme s'il s'agissait d'entités légitimes. Mais dans le même temps, nous disons qu'elles sont illégales. C'est donc un autre exemple d'incohérence", souligne Martin Konecny.

Près de 70% des membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine. Lors du vote en décembre de l'Assemblée générale pour un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, 153 pays se sont prononcés en faveur, six pays de l'UE ont voté contre ou se sont abstenus.