"On m'a dit dans tous les cas tu vas mourir" : ce Franco-palestinien, resté bloqué plusieurs jours dans Gaza, témoigne
Ce chauffeur de VTC, âgé d'une vingtaine d'années, s'était rendu dans l'enclave palestinienne pour se marier. Il est parvenu à passer le poste-frontière de Rafah la semaine passée, mais a du mal à obtenir des nouvelles de son épouse.
Près d'un mois en enfer. Oday, un Franco-palestinien d'une vingtaine d'années employé comme chauffeur VTC, s'est rendu fin septembre dans la bande de Gaza afin de se marier avec Dima, une jeune femme qu'il connaît depuis des années. C'est la première fois depuis ses 13 ans que ce fils de réfugiés palestiniens revenait dans l'enclave, où une partie de sa famille vit toujours.
Deux semaines après son arrivée, des terroristes du Hamas pénètrent sur le sol israélien le 7 octobre et attaquent plusieurs kibboutz ainsi qu'un festival de musique, faisant près de 1 400 morts et plus de 200 otages. La réponse de l'État hébreu est immédiate et se traduit pas de premiers bombardements sur la ville de Gaza, où se trouve le jeune homme.
"Au début j'entends des bruits d'avions, des avions de chasse qui n'arrêtent pas de tourner. Quand j’entends l'explosion, j'ai l'impression que c'est dans la chambre d'à côté", se rappelle-t-il auprès de BFMTV.
Les vidéos du chaos
S'en suivent plusieurs jours de terreur, treize très exactement, au cours desquels Oday ne va pas quitter l'appartement de sa tante, occupé par une vingtaine d'autres personnes.
"Je ne trouvais pas d'endroits pour dormir, on dormait au sol car il n'y avait pas assez de matelas pour tout le monde, c'était un seul repas par jour, on ne pouvait pas manger plus, les magasins se vidaient", rembobine-t-il.
Deux semaines après le début de la guerre, son oncle lui conseille de fuir et de se diriger vers le sud du pays et la ville de Rafah, où se situe un poste-frontière. "Mon oncle m'a dit: 'Prends la route, dans tous les cas tu vas mourir, soit tu meurs là, soit tu essaies d'avoir une chance de partir à Rafah.'"
Comme des milliers d'habitants, Oday prend la route du Sud, et trouve refuge dans la maison d'amis de la famille. Là, en attendant de pouvoir passer la frontière, il documente son quotidien dans plusieurs vidéos, dont une prise juste après le bombardement de la maison voisine de la sienne. "J'aurais pu être à leur place", dit-il à BFMTV.
"Pas de nouvelles" de son épouse
C'est finalement la semaine passée, en compagnie de plusieurs français, qu'Oday est autorisé à passer la frontière égyptienne. Depuis son retour en France, celui-ci est partagé entre soulagement et angoisse, puisque son épouse est restée à Gaza. En raison de fréquentes coupures de réseau, il a du mal à la joindre.
Ces dernières heures, Oday a appris que la maison de Dima a été bombardée, mais qu'elle a miraculeusement survécu. Son épouse, qui est également autorisée à quitter la bande de Gaza, va maintenant tenter de se rendre, à pied, au poste-frontière de Rafah.
Article original publié sur BFMTV.com
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