Dissolution de l’Assemblée nationale : l’artiste Math réagit à son dessin viral sur Instagram

Personnages qu’utilise l’auteur.ice Math dans ses dessins.
Math Personnages qu’utilise l’auteur.ice Math dans ses dessins.

DESSIN - La victoire du Rassemblement national aux élections européennes, conjuguée à la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale ce dimanche 9 juin, a eu l’effet d’une déflagration sur la France. Parmi les nombreuses réactions d’internautes sur les réseaux sociaux, un dessin a été partagé à de nombreuses reprises, celui de l’artiste Math.

La dissolution de l’Assemblée nationale a de quoi vous inquiéter pour ces trois raisons

Ce post de plusieurs slides sur son compte Instagram explique avec des mots simples la situation politique, à l’aide d’un dialogue entre des personnages en noir et blanc. Selon les chiffres qu’iel nous a transmis [nous utilisons ce prénom à la demande de Math qui ne se reconnaît ni dans le genre masculin ni féminin, ndlr], cette publication a touché près de deux millions de personnes. Math avoue d’ailleurs que « c’est beaucoup plus que tous [ses] posts ». Pour Le HuffPost, iel raconte l’histoire derrière ce dessin.

Le HuffPost. Comment vous est venue l’idée de ce dessin ?

Math. De la colère, tout simplement. Mais ce dessin s’inscrivait dans un engagement plus global. Je fais de l’influence activiste avec une agence, et on a été très mobilisé sur le sujet des européennes. C’était donc la suite logique de réagir à cette déclaration. J’essaye de faire du contenu à la fois activiste et vulgarisant. L’idée est de rendre les choses le plus accessible possible. Je cible les personnes bien intentionnées qui n’auraient pas forcément les clefs pour comprendre le jargon politique, et comment fonctionnent des élections européennes et législatives. L’idée est de rendre tout ça le plus simple possible et d’expliquer quels sont les enjeux, comment on peut agir ou s’engager.

Quel était le message que vous vouliez faire passer avec ce dessin ?

L’idée est d’inciter les gens à aller voter. Après, ce n’est qu’un premier post. Je pense que je vais faire campagne jusqu’aux élections législatives. Avec ce dessin, je voulais faire comprendre aux gens l’urgence et donner les clefs sur la cohabitation et sur ce qu’il se passe quand un parti a une majorité à l’Assemblée Nationale. Quand on est politisé, on a l’impression que c’est évident, alors que ce sont des choses assez floues pour beaucoup. Je reçois des messages de gens qui me disent qu’ils ne savaient pas comment marchaient les européennes ou qu’ils pouvaient faire une procuration.

La viralité du dessin vous surprend-elle ?

Ça ne m’a pas tellement surpris.e. Quand je travaille sur des gros sujets d’actualité, ce n’est pas rare que ça monte. Mais sur le sujet précis de la dissolution de l’Assemblée Nationale, je ne pensais pas que les gens allaient réaliser tout de suite la gravité de la situation. Il reste une partie des gens qui sont hyper inquiets. Mais ce n’est pas représentatif. J’ai une communauté très engagée à gauche qui relaie énormément sur les sujets de justice sociale. Personne ne vote RN dans mes abonnés à part quelques trolls. Ce n’est donc pas forcément un signe que tout le monde a compris ce qu’il se passait.

Quel est votre ressenti personnel sur la situation politique ?

Je suis hyper intquièt.e, et très triste aussi. Je suis de la génération 1998, à l’époque, le Front national, c’était le monstre sous nos lits. J’ai grandi dans la diabolisation du FN. Voir que Jordan Bardella fait 32 % aujourd’hui, ça me terrifie. Je traînais sur son compte TikTok pour voir ce qu’il propose. C’est terrifiant le nombre de jeunes qui le trouvent cool et qui votent pour lui. Ma seule consolation, c’est d’avoir réussi à envoyer Rima Hassan au Parlement européen.

Est-ce que dessiner vous permet d’exprimer ce ressenti ?

Je ne fais pas que du contenu politique. Le reste de mon contenu est effectivement très thérapeutique. Mais sur des enjeux de droits de femmes, droits des réfugiés ou de justice sociale, mes posts ne me font pas particulièrement du bien. Ils sont surtout là pour informer. Lorsque tu touches tous les mois des millions de personnes sur les réseaux sociaux, je trouve que c’est primordial d’utiliser sa voix. Quand j’ai commencé à avoir des personnes qui me suivaient, c’était logique pour moi de politiser mon contenu, car ce sont mes indignations au quotidien.

Avez-vous un message à faire passer avant les élections législatives ?

Je ne pense qu’à un objectif : l’union de la gauche. Je ne suis pas un.e très grand.e fan de Raphaël Glucksmann, mais je pense qu’il faut mettre un peu son ego de côté. On n’arrivera pas à faire barrage et à passer devant le RN, ou à une coalition d’extrême droite, si nous-même on ne s’unit pas. Je pense qu’on peut le faire, c’est primordial.

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