“Dissidente”, un film sensible et percutant sur les travailleurs saisonniers migrants au Québec

Un film sur les dérives du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) ? Le risque existait de sombrer dans le réquisitoire. Créé en 1973, ce programme fédéral canadien a été épinglé en septembre 2023 par Tomoya Obokata, rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, rappelle Radio-Canada. Le PTET permet à des employeurs qui peinent à recruter de faire appel, sur une période donnée, à de la main-d’œuvre étrangère – une main-d’œuvre originaire de pays pauvres, très mal payée et exposée à de multiples abus.

C’est le sujet dont s’est emparé le cinéaste québécois Pier-Philippe Chevigny, 36 ans, pour son premier long-métrage. Dissidente sort en France ce 5 juin, huit mois après être sa sortie au Canada sous le titre Richelieu, selon le nom de la région agricole du sud du Québec dont est originaire le réalisateur et dans laquelle se déroule l’intrigue.

Loin d’être un pamphlet à sens unique, Dissidente est “une réussite sur toute la ligne”, une fiction qui “marque l’esprit” et qui “tient en haleine”, prévient La Presse, un quotidien de Montréal.

“C’est un film important duquel on ressort mieux informé, en plus d’avoir passé un excellent moment de cinéma.”

Un système trop bancal

Après une rupture amoureuse, Ariane (Ariane Castellanos) doit revenir vivre chez sa mère, dans le patelin où elle est née. Son ex ne lui a laissé que des dettes. Elle se retrouve obligée de travailler comme interprète pour Stéphane (Marc-André Grondin), le gérant d’une usine de transformation alimentaire qui emploie de la main-d’œuvre guatémaltèque.

L’histoire ne se raconte ni du point de vue des travailleurs exploités ni de celui du patron, mais de celui d’Ariane, en position d’intermédiaire. Elle est chargée de traduire aux ouvriers les consignes de Stéphane, lui-même sous pression de sa direction qui exige des rendements impossibles. Ariane hésite à dénoncer les violations du droit du travail dont elle est le témoin : avec les dettes qu’elle a sur le dos, elle ne peut se permettre de perdre son emploi.

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