La discrète radicalité d’Élisabeth II

Place au grand déjeuner du jubilé. Aux petits sandwichs en abondance. Au dessert citronné “impossible à réaliser”. Et à l’alcool de toutes les couleurs, de toutes les saveurs, pour arroser le tout. D’Aberdeen à Plymouth en passant par Cardiff et Belfast, voisins et amis se retrouvent ce dimanche 5 juin pour un dernier toast en l’honneur des soixante-dix ans de règne de la reine Élisabeth II. Un moment de partage, de célébration de l’“extraordinaire service d’un monarque dont le règne a débuté au moment des tickets de rationnement et de la locomotive à vapeur” et se poursuit à l’époque de Zoom, s’amuse The Spectator.

Mais la stabilité à toute épreuve incarnée par Sa Majesté dissimule “une vraie radicalité”, assure l’hebdomadaire conservateur. Du moins, “si l’on compare son action à celle de ses prédécesseurs”. Pour preuve, le magazine promonarchie cite la décision, prise par la souveraine en 1992, de se soumettre à l’impôt sur le revenu. “La sagesse de ce choix a été rendue évidente par l’incendie du château de Windsor, en novembre de la même année”, explique le magazine londonien.

“Les médias se sont alors offusqués d’un possible recours à l’argent des contribuables afin de financer les rénovations. Quelques jours plus tard, il a été dévoilé que la reine paierait dorénavant l’impôt sur le revenu, une décision prise de longue date, mais dont l’annonce a été précipitée par l’événement. Ce faisant, Élisabeth s’est opposée à la volonté de son défunt père, le roi George VI, qui avait obtenu cette exonération au moment de son accession au trône.”

Autre exemple de rupture : sa volonté, entérinée “un beau jour de 2011” par le pouvoir politique des 16 États de son royaume, d’abolir le système de primogéniture masculine, “qui datait des temps immémoriaux”. Par la même occasion, les gouvernements, à sa demande, “ont mis fin à la règle vieille de 310 ans selon laquelle tout membre de la famille royale qui prendrait la décision de se marier avec un ou une catholique serait rayé de l’ordre de succession au trône”. Comme le souligne The Spectator, la monarchie a ce jour-là connu en l’espace d’une heure davantage de bouleversements constitutionnels qu’au cours du siècle précédent.

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