Le discours de Jonathan Glazer aux Oscars condamné par des survivants de l’Holocauste

CULTURE - Des mots forts, mais peu appréciés. Vainqueurs de deux Oscars dans la nuit de dimanche à lundi à Los Angeles, le réalisateur britannique Jonathan Glazer s’est notamment distingué lors de son discours de remerciement qu’il a choisi de dédier à la situation à Gaza et plus largement à la « déshumanisation ».

Les Oscars 2024 ont (encore) manqué l’occasion d’être plus qu’une soirée glamour

Un discours prononcé au moment de recevoir la statuette de Meilleur film étranger pour La Zone d’intérêt où Jonathan Glazer a établi un parallèle dans la violence et la « déshumanisation » entre son histoire qui se déroule dans un camp de concentration durant la Seconde guerre mondiale, et la situation à Gaza, comme vous pouvez le (re)voir en vidéo ci-dessous.

« Aujourd’hui, nous nous tenons devant vous comme des hommes qui réfutons notre judéité et l’Holocauste détourné par une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d’innocents. Qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de celles des attaques incessantes qui se déroulent à Gaza, elles sont toutes des victimes de cette déshumanisation », avait notamment déclaré le réalisateur à qui l’on doit déjà Sexy Beast ou Under the Skin.

Des mots peu appréciés par la Holocaust Survivors’ Foundation USA, qui l’a clairement fait savoir dans une lettre ouverte publiée ce mardi 12 mars par David Schaecter, président de la fondation de survivants de l’Holocauste, qui a survécu trois ans dans les camps nazis d’Auschwitz et de Buchenwald.

« Vous devriez avoir honte »

« Dimanche soir, j’ai regardé avec angoisse lorsque je vous ai entendu utiliser la tribune de la cérémonie des Oscars pour assimiler la brutalité maniaque du Hamas contre des Israéliens innocents à l’autodéfense difficile mais nécessaire d’Israël face à la barbarie continue du Hamas », commence par expliquer l’homme de 94 ans dans ce courrier signé par le comité exécutif de la fondation américaine.

« Vos commentaires étaient factuellement inexacts et moralement indéfendables », attaque ensuite le nonagénaire, seul survivant de la barbarie nazie au sein de sa famille de « 105 âmes ». « Vous devriez avoir honte d’utiliser Auschwitz pour critiquer Israël », juge ensuite David Schaecter, qui ajoute qu’il est « honteux » de la part du cinéaste « de prétendre parler au nom des six millions de Juifs, dont un million et demi d’enfants, qui ont été assassinés uniquement en raison de leur identité juive ».

Le survivant termine en déclarant que « si la création, l’existence et la survie de l’État d’Israël en tant qu’État juif équivaut dans votre esprit à une ’occupation’, alors vous n’avez évidemment rien appris de votre film ». Et comme le signale The Hollywood Reporter, Jonathan Glazer a également été ciblé par l’association de lutte contre l’antisémitisme, Combat Antisemitism Movement, qui a regretté l’attitude du réalisateur de The Zone of Interest, qui a « transformé une magnifique réussite en un autre moment ’en tant que juif’ ».

Lors de la 96e cérémonie des Oscars, Jonathan Glazer était en effet l’un des seuls à avoir pris la parole sur le conflit entre Israël et la Palestine, le sujet ayant été soigneusement évité durant la soirée. Pourtant, de nombreuses personnalités telles que l’acteur Mark Ruffalo ou la chanteuse Billie Eilish arboraient une épingle rouge en soutien à la population de Gaza. Les Français Swann Arlaud et Milo Machado Grenier d’Anatomie d’une chute portaient quant à eux un pin’s avec le drapeau palestinien sur leurs costumes.

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