"Notre soutien à l'Ukraine ne faiblira pas", assure Joe Biden lors de sa visite en Pologne
Après sa visite-éclair lundi en Ukraine, Joe Biden a prononcé ce mardi un vibrant discours à Varsovie, en hommage aux Polonais et au Ukrainiens. Mercredi, le président américain doit rencontrer les chefs d'Etat et de gouvernement de neuf pays du flanc oriental de l'Otan.
Devant une foule triée sur le volet, à Varsovie, le président américain a adressé un vibrant hommage aux Polonais qui ont "ouvert leur coeur" pour accueillir plus d'1,5 million d'Ukrainiens fuyant la guerre.
Joe Biden a aussi déclaré que Vladimir Poutine se croyait "dur" mais qu'il s'était heurté à la "volonté de fer de l'Amérique".
Malgré les souffrances et la destruction, "l'Ukraine reste libre", a souligné le président.
"Notre soutien à l'Ukraine ne faiblira pas", a précisé le président, un message pour les Russes mais aussi à usage domestique alors que les Américains semblent de plus en plus méfiants vis-à-vis de l'engagement des Etats-Unis en Ukraine.
S'adressant de nouveau aux Russes, Joe Biden a indiqué que "l'Occident ne complo[tait] pas pour attaquer la Russie".
Si Joe Biden s'est rendu ce mardi à Varsovie pour la deuxième fois en douze mois depuis le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, c'est aussi parce que la Pologne est devenue la tête de pont de l'Otan dans la région.
Une aubaine aussi pour Varsovie dont la position internationale avait nettement faibli après l'arrivée au pouvoir des nationalistes populistes en 2015.
L'Alliance atlantique était d'ailleurs au coeur des déclarations de Joe Biden.
"Un an plus tard, je dirais que l'Otan est plus forte que jamais", a souligné le président américain, en cet anniversaire du déclenchement par la Russie de la guerre en Ukraine.
Et "je peux dire avec fierté que notre soutien à l'Ukraine est inébranlable", s'est-il félicité lors d'une rencontre des délégations polonaise et américaine, partiellement retransmise par les télévisions locales.
Le président américain a considéré comme "vraiment extraordinaire" le soutien apporté à l'Ukraine et aux Ukrainiens par la Pologne.
De son côté, le chef de l'Etat polonais Andrzej Duda a insisté sur le fait que, grâce à Joe Biden, "on voit que l'Amérique est capable de veiller à l'ordre mondial".
En un an, la Pologne a non seulement ouvert sa frontière aux millions d'Ukrainiens fuyant les frappes russes, devenant une plaque tournante pour l'aide internationale destinée à ce pays en guerre. Mais Varsovie a surtout accueilli sur son sol d'importants dispositifs de l'Otan, notamment environ 10 000 soldats américains, et vient de se lancer dans d'imposants achats d'armes afin de renforcer ses propres capacités de défense.
Son budget militaire devrait même dépasser en valeur 4% de son produit intérieur brut cette année, selon le Premier ministre Mateusz Morawiecki.
La guerre en Ukraine a bel et bien remis la Pologne au centre du jeu alors que le gouvernement polonais reste sous le feu des critiques européennes pour le non respect des principes de l'Etat de droit et pour le recul de la Pologne dans les classements internationaux concernant le respect des règles démocratiques et de la liberté des médias.
La semaine dernière, la Commission européenne a d'ailleurs annoncé saisir la justice de l'UE contre ce pays, à la suite d'arrêts du Tribunal constitutionnel polonais contestant la primauté du droit européen, une étape pouvant conduire in fine à de nouvelles sanctions financières.
"Cette guerre a montré que la Pologne était un pays indispensable, sans lequel l'aide à l'Ukraine serait beaucoup plus difficile, sinon impossible (...). Nous avons gagné en importance", a reconnu sur les ondes de la radio TOK FM Marek Belka, un ancien Premier ministre de gauche et ex-chef de la Banque centrale de Pologne, aujourd'hui eurodéputé.
Et d'ajouter que, pour se maintenir dans ce nouveau rôle, "il faudrait une amélioration des relations avec l'Europe".
Une chose est certaine, la cause ukrainienne est un des domaines rarissimes où le gouvernement nationaliste populiste peut compter sur un soutien unanime de tous les acteurs sur la scène politique intérieure, un point important dans la perspective des prochaines élections législatives à l'automne.
"Pour l'instant, il s'agit d'un élément qui relie toutes les forces politiques en Pologne", s'est félicité mardi l'ancien ministre polonais des Affaires étrangères Adam Daniel Rotfeld, à la radio TOK FM.
"Cette classe politique qui manque de classe, s'est montrée dans ce cas à la hauteur de l'enjeu", a-t-il ajouté.