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"Disbonjoursalepute", le compte Instagram qui dénonce le harcèlement de rue

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En à peine quelques jours d'existence, le compte Instagram "disbonjoursalepute" est déjà suivi par près de 14.000 personnes. Créé par Emanouela Todorov, il a pour objectif, à l'image de "Paye ta shnek", plus ancien et déjà suivi par plus de 36.000 internautes, de dénoncer et de lutter contre le sexisme de rue auquel doivent faire face les femmes au quotidien.

Le principe est simple. De manière anonyme, les utilisatrices peuvent envoyer leurs expériences, toutes aussi révélatrices les unes que les autres, afin de briser le silence qui entoure encore le harcèlement et les agressions de rue. Elles sont ensuite publiées au fur et à mesure par l'administratrice de la page.

Depuis le 10 juillet dernier, une quarantaine de témoignages ont déjà été mis en ligne.

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"J'ai envie qu'on arrête de trouver ça banal"

Contactée par France 3 Régions, la créatrice du compte expose plus en détails les raisons de la création du compte.

"Il faut libérer la parole. Pour que les hommes réalisent ce que nous vivons au quotidien. [...] Les femmes sont toutes concernées, et elles peuvent s'exprimer. Car c'est banalisé, et j'ai envie qu'on arrête de trouver ça banal", explique-t-elle.

L'élément déclencheur remonte à il y a quelques semaines, lorsque cette dernière, qui demeure actuellement à Berlin, est venue rendre visite à sa famille en Alsace. Abordée par un homme à la gare de Sélestat, elle est victime de harcèlement de rue accompagné d'insultes, précise le média national. Quelques années auparavant, en 2012, Emanouela Todorov est également victime d'une tentative de viol dans un parking souterrain de Strasbourg.

"Après, je suis restée enfermée trois mois chez moi. Je ne rentre plus dans un parking, je ne monte pas seule dans un Uber. Je ne suis plus la même personne depuis que c'est arrivé", explique-t-elle.

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Ouvrir les yeux aux hommes

Outre la volonté d'éveiller les consciences, "disbonjoursalepute" a également comme objectif de fédérer l'ensemble des femmes derrière le combat contre le harcèlement de rue.

“Mais où est le soutien entre femmes? Où est la sororité?! [...] J’ai du mal à garder mon calme, car je vois des choses ultra-violentes", ajoute-t-elle, cette fois-ci dans les colonnes du Huffington Post.

Pour autant, les femmes ne sont pas les seules à venir témoigner ici. “J’ai reçu des messages d’hommes gays, qui vivent le même type de harcèlement, qui se font traiter d″enculé′ ou de ‘pédés’”, explique-t-elle encore.

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D'autres hommes écrivent également afin d'expliquer de quelle manière ces témoignages leur ont ouvert les yeux.

“Ils soutiennent la démarche, et me disent ‘merci, car on ne se rendait pas compte que c’était aussi violent, que de s’entendre appeler ‘hé mademoiselle’ dix fois par jour c’est lourd’”, complète-t-elle.

Depuis le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles proposé par Marlène Schiappa qui était alors Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, le harcèlement de rue, également appelé "outrage sexiste", est passible en France d'une amende de 4e classe, allant de 90 à 750 euros. En août 2019, le cabinet de Marlène Schiappa indiquait que 713 contraventions pour "outrage sexiste" avaient été dressées en un an.

Article original publié sur BFMTV.com