Il est difficile de compatir à la chute d’Ali Bongo

Le coup d’État contre Ali Bongo Ondimba doit-il être traité comme par exemple celui du Niger, contre Mohamed Bazoum ? Ou bien fait-il partie du lot de ces putschs dont on pense qu’ils ne peuvent être pires que les “démocratures” auxquelles ils mettent fin ?

Difficile de trouver une réponse tranchée à ces questions. Parce que, tout d’abord, indépendamment des facteurs internes susceptibles de rendre compte du coup d’État au Gabon, il est évident que celui-ci s’inscrit dans le cadre de la longue série de putschs militaires que l’Afrique enregistre depuis maintenant trois ans.

Ensuite, en prétendant tout de go que le renversement d’Ali Bongo est plus acceptable, on offrirait un argument que tout autre candidat à un coup d’État pourrait exploiter à sa guise. Néanmoins, personne ne peut ignorer la singularité qu’était le Gabon. Quand dans un pays une seule famille a régné durant plus d’un demi-siècle, il est difficile de compatir à la chute de ce régime…

Une heure de mandat

Quel paradoxe ! Ali Bongo, dont la famille aura régné sur le Gabon durant cinquante-cinq ans, rentre dans l’histoire avec un record dont il aurait certainement aimé se passer. En effet, son troisième mandat restera le plus court de l’histoire, car il n’a duré qu’une heure tout au plus.

Comme pour Alpha Condé [le coup d’État militaire de septembre 2021 a renversé le président guinéen qui avait modifié la Constitution pour pouvoir accéder à un troisième mandat], ça a été le mandat de trop. D’autant que, dans son cas, Ali Bongo, victime de paranoïa ou d’un excès de confiance, a lui-même contribué à creuser sa tombe.

Alors qu’en soi le troisième mandat était problématique, le président gabonais avait poussé la provocation jusqu’à ce black-out total sur le scrutin. La coupure d’Internet, le couvre-feu et ce refus de laisser les médias rendre compte des conditions du déroulement du vote ont accentué les soupçons de fraude et de confiscation des suffrages.

Une nouvelle confiscation, dirions-nous, après celle opérée en 2016, au détriment de Jean Ping. De la part d’un président diminué par la maladie [Ali Bongo a été victime d’un accident vasculaire cérébral en 2018] et dont la famille demeure depuis trop longtemps à la tête du pays, tout cela était sans doute très risqué. Qui plus est avec le contexte de révolte militaire qui prévaut sur le continent.

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