Didier Raoult mis en examen pour diffamation publique

Le virologue Didier Raoult lors d’une conférence de presse sur le Covid-19 à l’IHU de Marseille le 20 avril 2022.
CHRISTOPHE SIMON / AFP Le virologue Didier Raoult lors d’une conférence de presse sur le Covid-19 à l’IHU de Marseille le 20 avril 2022.

JUSTICE - L’ancien directeur de l’IHU Méditerranée est de nouveau dans la tourmente. Selon une information dévoilée par L’Express ce mardi 11 octobre, le virologue marseillais Didier Raoult a été mis en examen au mois d’avril 2022 pour diffamation publique. Le chercheur à l’origine de la plainte dénonce par le biais de son avocate « un cas d’école de diffamation », amplifié ensuite par les réseaux sociaux.

D’après les sources judiciaires du journal, l’homme à l’origine de cette plainte serait un autre chercheur critique du sulfureux professeur marseillais. En cause ? Une vidéo publiée sur Youtube par Didier Raoult sur la chaîne de l’IHU Méditerranée Infection et dans laquelle il accusait son homologue de préparer un attentat contre le célèbre Pôle Infectiologie des Hôpitaux de Marseille.

« Il y a un autre qui écrit des trucs, qui a même proposé d’envoyer une voiture suicide sur l’IHU, il s’appelle Lonni Besançon, mais qui c’est ces gens ? C’est quoi, ils recrutent ça dans les hôpitaux psychiatriques ? », déclarait ainsi Didier Raoult dans cette vidéo publiée le 1er juin 2021. Toujours en ligne à ce jour, la vidéo intitulée « Qu’en est-il de l’hydroxychloroquine et de Madame Bik ? » comptabilise près d’1,3 million de vues.

« Non seulement il est objectivement établi que mon client n’a jamais dit, écrit ni projeté de commettre un attentat contre l’IHU, mais en plus, il s’agit d’une accusation gravissime dans le contexte actuel de lutte contre le terrorisme que nous connaissons. Ce comportement irresponsable doit être sanctionné par l’institution judiciaire », abonde auprès de L’Express l’avocate de Lonni Besançon, Me Pauline Ragot.

Tweets et tribune

L’Express souligne l’importance d’une tribune cosignée par Lonni Besançon, comme possible motif des accusations de Didier Raoult dans sa vidéo. Afin de soutenir la chercheuse néerlandaise Elisabeth Bik, opposée aux méthodes de Didier Raoult et ayant révélé certaines irrégularités dans les études du l’IHU durant la pandémie de Covid-19, plus de 2000 scientifiques du monde entier ont signé cette lettre, relayée par la suite par de nombreux médias internationaux.

« Sa menace de procès à l’encontre de Mme Bik m’a profondément agacé, car il s’agit d’une grande chercheuse. Et face à des problèmes scientifiques, on répond normalement par la science et non par la voie judiciaire », confie le scientifique français.

À cette tribune s’ajoute aussi un tweet, dont l’origine pourrait justifier l’accusation portée par Didier Raoult au sujet d’un possible attentat sur l’IHU. Supprimé depuis, le tweet publié par le compte @Mau_Adrien évoquait un « attentat suicide contre Raoult ».

« Mais comment faire ? Attentat suicide contre Raoult ? Boycott de CNews ? Twitter et écrire pour informer ? Le choix est vaste », pouvait-on lire selon le journal. Mais une confusion avec Lonni Besançon est impossible selon l’avocat du chercheur. Elle estime que « M. Raoult ne pouvait ignorer que ce tweet n’avait pas été publié par mon client, puisque ses plus proches soutiens -dont son ex-bras droit le Pr Eric Chabrière- avaient eux-mêmes relayé en amont le tweet initial qui n’était pas l’œuvre de M. Besançon ».

« J’ai coécrit cette lettre et, la semaine d’après, comme par hasard, il me confond avec Adrien Mau et m’accuse de vouloir commettre un attentat », réagit d’ailleurs Lonni Besançon.

D’autres plaintes attendues

Après la vidéo de Didier Raoult portant de graves accusations contre son confrère, Lonni Besançon a également confirmé au journal que plusieurs comptes sur les réseaux sociaux s’en sont pris à lui.

Mentionné dans chaque tweet, ainsi que l’université australienne où il travaillait alors, il évoque une situation ayant « généré beaucoup de stress », malgré le soutien de son employeur. « C’est très grave, on m’accuse de terrorisme ! Et les comptes pro-Raoult sur Twitter, dont Le Professionnel (aujourd’hui suspendu), m’ont aussi accusé d’être un collabo, un nazi, mais aussi un agresseur sexuel et ont, à chaque fois, mentionné mon université ».

Comme l’explique par ailleurs L’Express, le sort de Didier Raoult est maintenant confié au tribunal de Nanterre qui devra trancher prochainement sur la nature de la diffamation, pouvant entraîner ou non un premier procès en diffamation contre le virologue. Avant plusieurs autres sûrement. En effet, le journal avance que « d’autres plaintes ont et vont être déposées contre des membres ou ex-membres de l’IHU, dont Didier Raoult et Eric Chabrière ».

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