La dictée de Pivot, point final

Lunettes vissées sur le nez, cheveux argentés impeccablement coiffés, tiré à quatre épingles, l’homme aurait pu incarner le respect de la tradition, la sévérité personnifiée. Mais Pivot a instillé sa malice dans ses textes, son impressionnante maîtrise de la langue dans ses pièges et, bien sûr, sa bienveillance dans son sourire rassurant.  - Credit:Jean-Philippe BALTEL/SIPA / SIPA / Jean-Philippe BALTEL/SIPA

On n'en voit plus tellement, des journalistes télé en costume cravate – sauf lorsqu'ils interviewent le président de la République. Le symptôme d'une autre époque ? Celui d'un respect infini pour la langue française ? Les deux, sans doute. Bernard Pivot, qui nous a quittés ce 6 mai, aimait notre langue et, plus rare, il avait réussi le tour de force de la faire aimer aux autres. En famille ou entre amis, l'exercice pourtant rébarbatif de la dictée entrait avec joie dans les maisons francophones. Oui, c'est bien dans toute la francophonie que la fameuse « dictée de Pivot » réunissait petits et grands.

À LIRE AUSSI Bernard Pivot, le roi Lire, est mortAvant Bernard Pivot, la dictée, c'était le supplice enduré par les élèves de Fernandel dans l'adaptation de Topaze, de Pagnol : l'articulation excessive – « Des moutons-sssss étai-eeee-nnn-ttttt… » –, le texte insipide, l'écolier en blouse terrifié derrière son pupitre essayant tant bien que mal de comprendre ce que le professeur articule à outrance, le trac, la peur aussi. Fastidieuse, pénible et rébarbative, la dictée n'était en aucun cas synonyme de plaisir.

Du spectacle et du people, loin de l'élitisme

Et puis Pivot est arrivé, et a révolutionné l'exercice. Lunettes vissées sur le nez, cheveux argentés impeccablement coiffés, tiré à quatre épingles, l'homme aurait pu incarner le respect de la tradition, la sévérité personnifiée. Mais Pivot a instillé sa malice dans ses textes, son impressionnante maîtrise de la [...] Lire la suite