Devenue amnésique après une opération, elle oublie 42 ans de sa vie

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AMNÉSIE - « Je suis née le 7 octobre 2021. » Tout ce qui s’est passé avant cette date, Jaël ne se souvient pas. À 42 ans, elle est victime d’un anévrisme cérébral. Pour prévenir l’éventuelle arrivée d’un AVC, elle subit une opération neurochirurgicale. « J’avais signé une décharge longue comme… la jambe ? Le bras ? », se questionne-t-elle. Si elle se méprend sur certaines expressions, c’est qu’à son réveil, elle a oublié la totalité de sa vie, y compris des mots de vocabulaire.

« Mon premier souvenir c’est dans la salle de réveil où j’entends des bruits que je ne suis pas capable d’identifier », explique-t-elle dans la vidéo ci-dessus. Elle ne comprend pas où elle se trouve, ni qui sont les personnes autour d’elle. Paniquée, l’infirmière lui dit de se rendormir. Six heures plus tard, Jaël se réveille mais n’a toujours pas retrouvé la mémoire. « J’essayais de réfléchir mais rien ne venait, raconte-t-elle. Je me suis rendu compte que je savais m’exprimer et lire, mais je confondais beaucoup de mots. »

Après un scanner qui ne dévoile pas d’anomalie, l’équipe médicale ne comprend pas ce qui s’est passé pendant l’opération. Mais le diagnostic tombe : Jaël est amnésique rétrograde.

« C’est comme si j’avais une sœur jumelle décédée »

À l’hôpital, l’ancienne chargée de communication, découvre son prénom, qu’elle trouve « joli », mais aussi l’existence de sa mère, de son compagnon et de son fils de 22 ans. « Je ne savais pas quoi leur dire. Ces gens ne m’évoquaient rien », avoue-t-elle. Lorsque sa mère veut la prendre dans ses bras, elle a un mouvement de recul. En regardant son fils, elle n’y voit qu’un adulte, pour lequel elle ne ressent aucun de lien de filiation. « Quand on ne reconnaît pas quelqu’un, on ne l’aime plus. On n’aime pas spontanément un étranger », affirme-t-elle.

Face à eux, se trouve une mère, une compagne, une fille ou une sœur qui n’est pas la même que celle laisser la veille. Au fil des mois, les liens se retissent, mais la Jaël d’aujourd’hui n’est pas celle de ces quatre dernières décennies. « Dès que je faisais quelque chose de différent de ce que j’aurais fait avant, je sentais une sorte de désapprobation de leur part, souligne-t-elle. Il y avait beaucoup de “oh tu n’aurais pas fait ça avant”, “jamais tu n’aurais mangé telle chose”. »

Voyant la peine qu’elle leur causait, elle essaye de correspondre à une personne qui n’est plus elle. « C’est comme si j’avais une sœur jumelle décédée, analyse-t-elle. Elle a fait des choix que je ne partage plus aujourd’hui, on n’a pas les mêmes idées, pourtant j’ai beaucoup de tendresse pour elle. Mais ce n’est pas moi. » La mère de famille n’apprécie toujours pas regarder d’anciennes photos d’elle-même, « je ne suis pas complètement réconciliée avec ça, mais l’ancienne Jaël et moi, on cohabite en paix », précise-t-elle.

Vivre dans l’inconnu

L’amour, la peur, la colère… « Au départ, j’essayais de comprendre les émotions mais l’amnésie me les avait volées », explique-t-elle. Un jour, un frisson la parcourt, « je trouvais ça trop bizarre, je ne comprenais pas ce que c’était ». Avoir oublié sa vie, c’est être constamment « dans l’inconnu et l’inconfort ». Les gestes du quotidien sont un mystère pour elle. Avec l’aide d’une orthophoniste et d’une ergothérapeute, Jaël réapprend la fonction des objets, ce qu’est une voiture, comment prendre le métro, faire chauffer des aliments au micro-ondes… « Ce sont des milliards d’informations tous les jours. »

En plus de cela, elle est constamment confrontée à des personnes qui la reconnaissent mais qu’elle n’est pas capable de nommer. « Encore hier, j’ai dû dire à une personne que je ne la reconnaissais pas car j’avais perdu la mémoire, et au début, elle pense que c’est une blague, raconte-t-elle. Alors pour qu’elle vous croie, il faut raconter toute votre histoire et c’est très dur émotionnellement. »

« L’amnésie c’est beaucoup de solitude et d’isolement », reconnaît-elle. Mais d’une nature très positive, Jaël se bat pour profiter du reste de sa vie.

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