Second jour d'accrochages à la frontière entre Rwanda et RDC

ACCROCHAGES À LA FRONTIÈRE ENTRE RDC ET RWANDA

KINSHASA/KIGALI (Reuters) - Le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ont dépêché jeudi des renforts à leur frontière commune à la suite d'un deuxième accrochage en deux jours entre leurs troupes, après des mois de calme relatif. Un journaliste de Reuters présent près de la ville de Kibumba, dans l'est de la RDC où se sont produits ces incidents, a pu voir des militaires munis d'armes lourdes se rassembler des deux côtés de la frontière tout au long de la matinée. Un premier accrochage a eu lieu mercredi, Kinshasa et Kigali s'accusant mutuellement d'incursions sur leur territoire respectif, avant une nouvelle fusillade jeudi matin. Les coups de feu, signalés en début de matinée, ont cessé vers 08h00 (06h00 GMT). "Il y a eu quelques tirs, mais très peu. C'est déjà terminé", a fait savoir le gouverneur de la province congolaise du Nord-Kivu, Julien Paluku. "Les tirs venaient des troupes rwandaises, nos troupes n'ont pas riposté. Elles ont pour instruction de ne pas ouvrir le feu sauf si la situation devenait critique. Nous ne sommes pas en guerre contre le Rwanda," a-t-il dit à Reuters par téléphone. Le journaliste rwandais Fred Mwasa, qui se trouvait dans le nord-est du Rwanda où les tirs se sont produits, a déclaré sur Twitter que les coups de feu venaient de l'armée congolaise. Concernant le premier incident, Kinshasa accuse les forces rwandaises de l'avoir provoqué en capturant puis tuant un caporal congolais. Kigali parle de son côté de la mort de cinq soldats congolais ayant franchi la frontière et attaqué des unités rwandaises. Jeudi, cinq corps portant des uniformes aux couleurs de la RDC gisaient dans un champ côté rwandais. "Ils ont sûrement pris des corps, ceux de villageois peut-être, qu'ils ont habillés de l'uniforme (de l'armée congolaise)", a déclaré le porte-parole du gouvernement de Kinshasa, Lambert Mende. Selon des habitants, les soldats congolais ont été tués en tentant de voler du bétail, et les incursions frontalières sont fréquentes. "J'appelle les deux parties au calme et les exhorte à prendre les mesures nécessaires pour rétablir la sécurité à la frontière", a déclaré dans un communiqué Martin Kobler, chef de la Monusco (Mission des Nations unies en RDC). (Pete Jones à Kinshasa et Jenny Clover à Kigali, Clémence Apetogbor et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)