Deux satellites russe et américain ont frôlé la catastrophe en orbite, et ça c’est joué à 20 mètres près

Ces satellites russe et américain ont frôlé la catastrophe en orbite
dottedhippo / Getty Images/iStockphoto Ces satellites russe et américain ont frôlé la catastrophe en orbite

ESPACE - Vingt mètres. Autrement dit, l’épaisseur du trait dans l’espace infini, même sur nos orbites terrestres bien encombrées. Un satellite scientifique américain, Thermosphere Ionosphere Mesosphere Energetics and Dynamics Mission (TIMED), a croisé mercredi 28 février la route d’un antique satellite d’observation russe, Cosmos 2221. À quelques encâblures près, le crash projetait plusieurs milliers de débris au-dessus de nos têtes…

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Si le pire n’est pas arrivé, c’est uniquement grâce à la chance : aucun de ces satellites n’est manœuvrable. Ni le TIMED américain, encore actif mais vieux de vingt ans, ni le Cosmos 2221, lancé en 1992 et éteint depuis longtemps. Autrement dit, il a fallu s’en remettre à la chance pour que ces satellites ne viennent pas polluer encore plus, beaucoup plus, l’orbite basse de la Terre.

Les deux objets sont en effet à environ 625 kilomètres au-dessus du plancher des vaches, dans la plus populaire des orbites, la basse. Celle où l’on retrouve les constellations de type SpaceX, le télescope Hubble, la Station spatiale internationale (ISS)… Si elle est l’orbite la plus prisée c’est qu’elle est la moins chère pour placer ses satellites, car la plus proche de notre Terre, donc celle qui demande le moins de carburant pour y parvenir.

Dans le viseur, l’effrayant syndrome de Kessler

C’est également pour cette raison que c’est déjà là que les débris spatiaux sont un problème de poids. Selon l’agence spatiale européenne, plus de 12.000 débris spatiaux polluent déjà notre orbite basse. Or d’après les estimations du site spécialisé Leolabs, la collision, si elle avait eu lieu, aurait entraîné la formation de 2500 à 7500 nouveaux éclats de taille diverse… Soit une sacrée augmentation du risque pour les 9500 satellites toujours en fonctionnement dans la zone.

Au-delà de l’aspect déjà peu réjouissant de la pollution spatiale, se cache en effet le risque de la multiplication des objets dangereux tournant au-dessus de notre planète. À partir d’un certain nombre, c’est même un problème qui a un nom : le syndrome de Kessler.

Imaginé dans les années 70, dans les jeunes années de la conquête spatiale, ce phénomène a tout de la réaction en chaîne : un débris venant en frapper un autre en crée une multitude, qui a leur tour s’entrechoquent pour créer d’autres fragments, et ainsi de suite. Si le scénario rappelle le film Gravity, c’est loin d’être de la science-fiction. Dans la pire des hypothèses, le risque à chaque lancement augmenterait si drastiquement qu’un satellite perdrait toute viabilité économique. Et si en plus l’effondrement venait d’une collision russo-américaine…

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