Deux nouveaux morts au Venezuela pendant la "marche de la merde"

Les violences politiques au Venezuela ont fait deux nouveaux morts mercredi, dont l'un en marge d'une manifestation dans la capitale Caracas pendant laquelle les protestataires ont jeté des bouteilles remplies d'excréments sur les policiers qui leur bloquaient le passage. /Photo prise le 10 mai 2017/REUTERS/Marco Bello

CARACAS (Reuters) - Les violences politiques au Venezuela ont fait deux nouveaux morts mercredi, dont l'un en marge d'une manifestation dans la capitale Caracas pendant laquelle les protestataires ont jeté des bouteilles remplies d'excréments sur les policiers qui leur bloquaient le passage. La police a riposté en tirant des grenades lacrymogènes et un manifestant de 27 ans est décédé, ont annoncé les services du procureur sans plus de précisions. Un autre homme, un chauffeur de moto-taxi, est mort dans la ville de Merida, dans l'ouest du pays, après avoir été blessé pendant une manifestation, ont indiqué les autorités. Selon les médias locaux, il a reçu une balle dans la tête. Les violences ont fait 39 morts et des centaines de blessés depuis que la contestation contre les manoeuvres politiques du président Nicolas Maduro et la crise économique ont repris de plus belle début avril. A Caracas, les affrontements se sont une nouvelle fois déroulés mercredi le long de la principale autoroute qui traverse la ville. Des milliers de jeunes opposants participant à la "marche de la merde" ont encore tenté de franchir les barrages établis par la Garde nationale pour les empêcher d'accéder au centre-ville, bombardant les forces de sécurité de "cocktails cacatov", des petites bouteilles en verre remplies d'excréments. "Il n'y a pas de produits explosifs ici. C'est notre façon de dire à Maduro, dégage, tu es inutile", a déclaré un jeune manifestant qui a souhaité rester anonyme. Les protestataires sont déterminés à empêcher le chef de l'Etat de mener à bien son projet d'établir une assemblée constituante chargée de réformer la Constitution, initiative derrière laquelle ils voient un moyen de contourner le Parlement dominé par l'opposition et d'éviter d'avoir à se soumettre à de véritables élections que l'ancien dirigeant syndicaliste aurait de grandes chances de perdre. RISQUE DE "CONFRONTATION ARMÉE"? "Ils ont fermé toutes les portes de sortie démocratique, nous avons prévenu du risque que cela ferait courir à notre pays", a déclaré mercredi le chef de file de l'opposition, Henrique Capriles, qui a récemment été privé de ses droits civiques dont celui de se présenter aux prochaines élections. Des partisans de Nicolas Maduro ont aussi manifesté mercredi dans le centre de Caracas en brandissant des photos du prédécesseur du chef de l'Etat et fondateur du régime socialiste, Hugo Chavez. "Je suis venu soutenir le processus de la constituante, cela nous donnera le moyen de sortir de la crise", a déclaré Ilian Leon, un ouvrier agricole de 40 ans. Les classes populaires restent attachées à l'héritage de Hugo Chavez et sont jusqu'à présent restées fidèles à Nicolas Maduro malgré la grave crise économique, qui s'est accélérée avec l'effondrement des cours du pétrole. Mais le président vénézuélien apparaît de plus en plus isolé. Critiqué par les autres pays sud-américains, il a perdu le soutien de l'ancien chef des services de renseignement d'Hugo Chavez, Miguel Torres, qui avait orchestré, en tant que ministre de l'Intérieur, la répression des manifestations de 2014 après l'arrivée de Nicolas Maduro au pouvoir. Mercredi, Miguel Torres a dit craindre que les violences urbaines n'échappent à tout contrôle. "Ce à quoi nous assistons pourrait être le début d'une grave confrontation armée entre Vénézuéliens", a-t-il déclaré à Reuters. "Personne ne veut cela." (Andrew Cawthorne et Carlos Rawlins; Tangi Salaün pour le service français)