Deux Français supplémentaires détenus en Iran, Colonna dénonce une "diplomatie des otages"

La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, le 26 octobre 2022 à l'Élysée - Ludovic MARIN / AFP
La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, le 26 octobre 2022 à l'Élysée - Ludovic MARIN / AFP

Deux autres ressortissants français ont été arrêtés en Iran, portant à sept le nombre de détenus français dans les prisons de la république islamique, a indiqué samedi au quotidien Le Parisien la cheffe de la diplomatie française.
"Nous avions des inquiétudes sur deux autres compatriotes et il ressort des dernières vérifications faites qu'ils sont également détenus", a déclaré Catherine Colonna, affirmant que "le chantage" ne "doit pas fonctionner". "C'est la mauvaise façon de s'y prendre avec la France", a-t-elle ajouté.

"Nous demandons leur libération immédiate, l'accès à la protection consulaire (...). Mon homologue iranien, avec qui j'ai eu une conversation longue et difficile, a pris l'engagement de respecter ce droit d'accès. J'attends qu'il soit concrétisé", ajoute-t-elle.

"Nous demandons leur libération immédiate, l’accès à la protection consulaire c’est-à-dire le droit de visite consulaire à nos ressortissants", a également déclaré la ministre.

Téhéran diffuse des "aveux" dans une vidéo

Parmi les sept otages, figurent la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, Benjamin Brière, arrêté en mai 2020 et condamné à huit ans et huit mois d'emprisonnement pour espionnage, et deux syndicalistes, Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai dernier.
Début octobre, Téhéran avait diffusé une vidéo présentée comme des "aveux" de ces derniers, entraînant une réaction virulente de Paris qui avait dénoncé une "mise en scène indigne" et évoqué pour la première fois des "otages d'État". Dans la vidéo diffusée par le site de la chaîne arabophone al-Alam de la télévision officielle, une jeune femme s'exprimant en français affirme s'appeler Cécile Kohler et être agent de renseignement opérationnel à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services de renseignement extérieur français.

Les Français appelés à quitter le pays

Le Quai d'Orsay a depuis appelé les Français de passage en Iran à "quitter le pays dans les plus brefs délais compte tenu des risques de détention arbitraire auxquels ils s'exposent". Plus d'une vingtaine de ressortissants de pays occidentaux, binationaux pour la plupart, sont détenus ou bloqués en Iran, ce que des ONG condamnent comme une politique de prise d'otages pour obtenir des concessions des puissances étrangères.

Citant une source iranienne, Le Figaro précise que ces deux ressortissants français sont détenus dans des prisons de Téhéran et que leur arrestation daterait de plusieurs mois, soit avant le début des manifestations qui secouent le pays depuis la mi-septembre après la mort de Mahsa Amni, une Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique.

Au moins 326 manifestants ont été tués dans la répression du mouvement de contestation, affirme samedi Iran Human Rights, une ONG basée à Oslo.

Article original publié sur BFMTV.com