Deux favoris en Tunisie pour le 1er tour de la présidentielle

Bulletins de vote sous bonne garde dans la ville de Béja. Les Tunisiens votent dimanche pour le 1er tour d'une élection présidentielle dont le résultat devrait opposer une figure de l'ancien régime et le président sortant, ancien opposant de Zine ben Ali. /Photo prise le 22 novembre 2014/REUTERS/Zoubeir Souissi

par Patrick Markey et Tarek Amara TUNIS (Reuters) - Les Tunisiens votent dimanche pour le premier tour d'une élection présidentielle qui devrait se jouer entre une figure de l'ancien régime et le président sortant, ancien opposant de Zine ben Ali et défenseur des droits de l'homme. Si plus de 25 candidats se présentent, Béji Caid Essebsi et Moncef Marzouki se retrouveront probablement au second tour le mois prochain si aucun d'eux ne décroche la majorité dès dimanche. Ce scrutin fait suite aux élections législatives organisées en octobre lors desquelles l'alliance laïque Nidaa Tounes, la formation d'Essebsi, est arrivée en tête, devant les islamistes d'Ennahda. Ministre des Affaires étrangères sous Habib Bourguiba, premier chef d'Etat de la Tunisie indépendante, Béji Caid Essebsi se présente comme un homme d'Etat capable de résoudre les difficultés que rencontre encore le pays et achever sa transition près de quatre ans après la "révolution de jasmin". "L'Etat a été absent au cours des dernières années, nous allons restaurer son prestige tout en garantissant les libertés"é, a-t-il dit lors d'un meeting électoral organisé à Tunis. Mais son retour n'échappe pas aux critiques qui y voient un vestige du régime de Ben Ali, ce qu'il conteste, expliquant que la plupart des responsables politiques de l'ancien régime n'ont pas été entachés par les abus et la corruption qui sévissaient alors. "RÉVOLUTION CONTRE ANCIEN RÉGIME" Moncef Marzouki, au contraire, dit craindre que le pouvoir ne retombe dans les mains d'un seul parti. "Ce combat oppose clairement les forces révolutionnaires et l'ancien régime", a-t-il déclaré à ses partisans. Le soulèvement populaire de décembre 2010-janvier 2011 contre le régime autoritaire de Zine Ben Ali a été le déclencheur de révoltes à travers le monde arabe. De tous les pays concernés par ce "printemps arabe", la Tunisie fait désormais figure d'exception. Malgré des violences imputées à des islamistes radicaux, dont le meurtre de deux responsables de l'opposition laïque en 2013, elle échappe en grande partie aux troubles, au chaos voire à la guerre civile que connaissent à des degrés divers l'Egypte, la Libye et la Syrie. Elle s'est dotée en janvier d'une nouvelle Constitution garantissant notamment la liberté de culte et l'égalité des sexes. Ce texte, salué par les pays occidentaux comme un modèle pour l'instauration d'un régime démocratique et respectueux des droits de l'homme, est le fruit d'un compromis au sein de l'Assemblée constituante élue en octobre 2011. Ennahda avait alors remporté environ 40% des sièges et dirigé un gouvernement de coalition jusqu'à la crise politique qui a suivi l'assassinat de deux figures de l'opposition. Accusé de laxisme envers les extrémistes, le parti a accepté de céder le pouvoir à un gouvernement d'experts formé en janvier dernier par Mehdi Jomaâ. (Nicolas Delame pour le service français, édité par Gilles Trequesser)