Deux Amériques, côte à côte et face à face, pour ou contre le mariage homo

Photo Par Karen Bleier - "Un homme! Une femme!", scandent les partisans du mariage traditionnel. "Que veut-on? L'égalité!", leur répondent les défenseurs du mariage gay. Deux Amériques, face à face et côte à côte, ont fait bruyamment et en couleur entendre leur voix mardi devant la Cour suprême

"Un homme! Une femme!", scandent les partisans du mariage traditionnel. "Que veut-on? L'égalité!", leur répondent les défenseurs du mariage gay. Deux Amériques, face à face et côte à côte, ont fait bruyamment et en couleur entendre leur voix mardi devant la Cour suprême. Chaque camp avait battu le rappel. Une cinquantaine d'organisations, familiales ou religieuses, avaient appelé à marcher vers la Cour suprême, au coeur de la capitale fédérale Washington, pour affirmer que les "enfants ont besoin d'une maman et d'un papa". Une centaine d'autres, homosexuelles, syndicales ou professionnelles, avaient pris position dès les premières heures de la matinée devant les marches de l'imposant bâtiment néo-classique, pour demander aux neuf juges qui y siègent "de ne pas nous refuser" le mariage de même sexe. En milieu de matinée, la cour est déjà en session pour étudier la constitutionnalité de l'interdiction du mariage gay en Californie (ouest). Les deux camps sont sur place, séparés par la largeur d'une route; ils se font face et s'époumonent. "Un hombre. Una mujer", lance une dame. Les Hispaniques sont nombreux à être venus donner de la voix dans le cortège des défenseurs du mariage traditionnel, fort de quelque 700 à 800 personnes. "Que veut-on?", hurle une jeune fille qui lui fait face. "L'égalité!", lui répond la foule des partisans du mariage gay, forte de nombreux trentenaires, eux aussi un petit millier. "Je crois en l'amour" Un militant gay s'infiltre dans le groupe adverse, en levant le drapeau arc-en-ciel de la communauté homosexuelle. On le bouscule un peu et il sort. "Le mariage, c'est un homme et une femme. Comme dans la Bible", répète Irma Galicia, la soixantaine, venue avec d'autres évangéliques de New York dans un bus affrété par son église. Des familles poussent des poussettes. Des tambours jouent des rythmes martiaux. Des moines, en froc, battent le pavé. "Si la Cour suprême change ce que nous savons du mariage, cela portera tort à l'état de notre nation", dit le Frère James Wartman, franciscain venu de Boston dans le Massachusetts (nord-est). A quelques mètres, deux hommes en smoking et noeud papillon portent une pancarte en forme de coeur où l'on peut lire: "John et Stuart. Fiers d'être mariés". Une +drag queen+ habillée de rose fait le bonheur des photographes. Heidi Case est assise dans un fauteuil roulant, à côté de sa compagne. "Nous avons échangé nos voeux et nos bagues il y a 30 ans", raconte-t-elle, en évoquant les trois enfants que le couple a accueillis. Ils "méritent d'être aidés autant que les autres", dit-elle. Les partisans du mariage traditionnel sont repartis assister à un rassemblement sur le Mall, l'esplanade de verdure entre la Maison Blanche et le Congrès. Devant la Cour suprême, qui poursuit sa session historique mercredi, une clameur s'élève. Les quatre plaignants homosexuels de Californie qui ont porté l'affaire jusque devant la plus haute juridiction du pays sortent de la salle d'audience. "J'ai confiance en la justice", lance l'une des quatre, Sandy Stier, "et plus que tout autre chose, je crois en l'amour".