Destructions de maisons arabes par les Kurdes en Irak selon un rapport HRW

ERBIL, Irak (Reuters) - Les forces kurdes en Irak qui luttent conte l'Etat islamique ont illégalement détruit des maisons arabes dans un grand nombre de villes et de villages du nord de l'Irak, ce qui pourrait constituer un crime de guerre, selon un rapport du groupe de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) publié dimanche. L'ONG new-yorkaise fait état de 21 communes dans les secteurs disputés des provinces de Kirkouk et Ninive concernées par ces "démolitions apparemment illégales" entre septembre 2014 et mai 2016 . Ces zones sont sur le papier administrées par le gouvernement central irakien à Bagdad mais sont de fait passées sous le contrôle par le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK), qui dirige la région autonome du nord de l'Irak. Le GRK a accueilli plus d'un million de personnes, principalement des arabes sunnites, déplacées par le conflit. Dimanche, le GRK a démenti avoir une politique de destruction systématique de l'habitat arabe, tout en précisant que les combattants kurdes peshmergas avaient procédé à des démolitions pour des raisons de sécurité, par exemple pour nettoyer les maisons où des explosifs avaient été dissimulés. Les autorités kurdes ont fait connaître leur intention d'inclure les terres reprises à l'Etat islamique dans leur région autonome et d'empêcher les habitants arabes de retourner vers les régions "arabisées" il y a plusieurs dizaines d'années quand Saddam Hussein était au pouvoir. Le rapport de HRW se fonde sur un certain nombre de visites sur le terrain et des interviews de plus de 120 témoins et responsables. "Village après village dans (les provinces de) Kirkouk et Ninive, les forces de l'ordre du GRK ont détruit des maisons arabes mais pas celles appartenant aux Kurdes, sans but militaire légitime", commente Joe Stork, un des responsables du Proche-Orient chez HRW. "Les buts politiques des dirigeants du GRK ne justifient pas la démolition illégale de maisons". Les images par satellite permettent de déceler des destructions dans 62 autres villages après leur prise par les forces kurdes, mais, explique HRW, en l'absence de récits de témoins, il est difficile d'en déterminer la cause. Didar Zebari, chef du comité du GRK chargé de répondre aux informations venues de l'étranger, explique que les autorités kurdes ont mené une enquête minutieuse sur des cas précis. Il reconnaît que des habitations ont été détruites intentionnellement, notamment en raison de la présence de bombes artisanales. "Parfois, nous n'avons pas le choix", dit-il. "Avant d'entrer dans un village, on détruit autant qu'on peu pour s'assurer que tout est sécurisé." (Stephen Kalin; Julie Cariat et Danielle Rouquié pour le service français)