Le gouvernement accusé de laxisme après une fusillade

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a commandé un rapport sur la fusillade sanglante de Seine-Saint-Denis, après laquelle un policier est entre la vie et la mort, et s'est dite mardi prête à modifier la législation applicable aux sorties de détenus. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Des syndicats de police et des responsables politiques appellent la ministre de la Justice, Christiane Taubira, à s'expliquer après l'équipée sanglante d'un malfaiteur signalé pour radicalisation qui avait bénéficié en mai d'une permission de sortie. Le malfaiteur a grièvement blessé lundi un policier de deux balles dans la tête avant d'être abattu en Seine-Saint-Denis, près de Paris, par les forces de l'ordre après une course poursuite consécutive à une attaque à main armée. Il n'avait pas réintégré sa cellule après une permission de sortie en mai et faisait l'objet d'une fiche "S" émise après sa disparition car il était soupçonné de s'être radicalisé en prison, selon une source proche du dossier. Il avait une vingtaine d'antécédents judiciaires. La fiche "S" signifie Sûreté d'Etat et implique une surveillance discrète en cas de contrôle. "Ce n'est pas la première fois que, pour des motifs de lenteurs de la justice mais aussi de décisions irraisonnées, des individus aux pedigrees chargés les caractérisant comme dangereux, sont libérés", s'indigne le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI) dans un communiqué. "Les policiers, les citoyens peuvent-ils encore avoir confiance dans un système judiciaire à bout de souffle par manque de moyens et mis à mal par des décisions inexplicables ?", demande-t-il. Le syndicat Alliance demande pour sa part à Christiane Taubira de "rendre des comptes". "On aurait pu éviter que notre collègue se trouve aujourd'hui entre la vie et la mort", écrit-il sur son compte Twitter. "On est victime d'un phénomène qui fait qu'on aménage au maximum les peines. On voit qu'il y a des dysfonctionnements avec la Justice et qu'ils ont des conséquences importantes. Il faut que la Garde des Sceaux s'exprime", a renchéri Nicolas Comte, du syndicat SGP Unité-Police, sur France Info. Xavier Bertrand, tête de liste Les Républicains pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, a lui aussi appelé Christiane Taubira à s'expliquer. "Quand quelqu'un est dangereux, il ne sort pas, c'est pas une question de droite ou de gauche, c'est une question de bon sens", a-t-il dit sur France Info. La présidente du Front national, Marine Le Pen, dénonce un "laxisme judiciaire déjà à l'oeuvre" sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il "doit prendre fin et laisser place à une vraie politique de tolérance zéro avec une application pleine et entière des peines", dit-elle dans un communiqué, réclamant l'instauration d'une présomption de légitime défense pour les policiers. (Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)