Des milliers de Hongrois protestent contre le gouvernement Orban

Pour la quatrième fois cette semaine, plusieurs milliers de Hongrois sont descendus dimanche dans les rues de Budapest pour protester contre la politique du Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qu'ils jugent de plus en plus autoritaire. /Photo prise le 16 décembre 2018/REUTERS/Bernadett Szabo

par Krisztina Than

BUDAPEST (Reuters) - Pour la quatrième fois cette semaine, plusieurs milliers de Hongrois sont descendus dimanche dans les rues de Budapest pour protester contre la politique du Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qu'ils jugent de plus en plus autoritaire.

La manifestation de dimanche, baptisée "Joyeux Noël, M. Le Premier ministre" par les organisateurs, a réuni quelque 10.000 personnes à l'appel de l'opposition de gauche, des groupes d'étudiants, des syndicats et de simples citoyens.

Munis de drapeaux hongrois ou européens, les protestataires ont appelé au retrait d'une nouvelle loi travail jugée "esclavagiste" et défendu la liberté des médias et l'indépendance de la justice.

Ils ont défilé par un froid glacial de la grande place des Héros vers le Parlement, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Ne volez pas" ou encore : "Des tribunaux indépendants!".

Dans la soirée, plusieurs élus d'opposition se sont rendus jusqu'au siège de la télévision publique, considérée par l'opposition comme un organe de propagande du gouvernement, en réclamant la lecture d'une pétition, ce qu'a refusé le personnel de sécurité. "La télé ment", ont crié les manifestants.

"Le mécontentement grandit", a déclaré Andi, 26 ans, une étudiante en sociologie. "Ils ont fait voter deux lois cette semaine qui (...) ne serviront pas les intérêts du peuple hongrois."

La nouvelle loi sur le travail permet aux employeurs d'exiger jusqu'à 400 heures supplémentaires par an.

Le gouvernement a également fait voter une loi qui met en place de nouveaux tribunaux administratifs compétents pour des questions sensibles telles que la loi électorale, les manifestations et la corruption.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban a modifié le système électoral pour favoriser son parti, le Fidesz, et a mis ses fidèles à la tête des institutions publiques, tandis que ses alliés s'enrichissaient.

Il a été réélu en avril en faisant campagne contre l'immigration face à une opposition faible et divisée.

Début décembre, son gouvernement a contraint une université privée, la Central European University, à quitter la Hongrie, dans le cadre de sa longue lutte contre le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros.

Le Fidesz a déclaré samedi, à la veille de la manifestation, qu'il était "de plus en plus évident que des criminels font partie des émeutes de rue organisées par le réseau Soros".

La manifestation de dimanche s'est déroulée dans le calme, hormis quelques échauffourées aux abords du siège de la télévision.

(Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)