L'autonomie de Hong Kong face à "de nouveaux défis", selon Xi

par Greg Torode et Venus Wu HONG KONG (Reuters) - Le président chinois Xi Jinping, en visite à Hong Kong pour le vingtième anniversaire de la rétrocession du territoire à la Chine, a reconnu vendredi que le modèle "un Etat, deux systèmes" était confronté à de nouveaux défis avec la montée de la contestation des militants démocrates. La visite de Xi Jinping intervient dans un contexte tendu où l'ingérence de Pékin dans les affaires hongkongaises dérange, malgré les promesses d'autonomie faites par la Chine lors de la rétrocession de Hong Kong par les Britanniques en 1997. "Depuis 20 ans que Hong Kong a été rattaché à la patrie, le succès du 'un Etat, deux systèmes' est reconnu par le monde entier", a déclaré Xi Jinping, qui n'était jamais venu à Hong Kong depuis son arrivée à la tête du pouvoir central en 2012. "Bien sûr, pendant sa mise en oeuvre, nous avons dû faire face à de nouvelles situations, de nouvelles questions et de nouveaux défis. Ces questions doivent être considérées correctement et analysées objectivement", a-t-il poursuivi. "Elles ne doivent pas effrayer. La clé est de réfléchir à comment les résoudre." Parallèlement, le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé vendredi que la déclaration sino-britannique sur le statut de Hong Kong conclue en 1984 par Margaret Thatcher et Zhao Ziyang en 1984 n'avait plus aucune valeur, sinon historique. Cette déclaration fixait les conditions de sortie du Royaume-Uni après un siècle et demi de domination sur la colonie et garantissait les droits et libertés dans la ville selon la formule "un Etat, deux systèmes". En la jugeant nulle et non avenue, Pékin retire de fait tout droit de regard britannique sur Hong Kong. Jeudi, le secrétaire au Foreign Office Boris Johnson avait déclaré que l'engagement britannique envers Hong Kong, gravé dans un "traité", était "toujours aussi fort aujourd'hui" qu'il y a vingt ans. "Le Royaume-Uni n'a aucune souveraineté, aucun pouvoir pour régner et aucun pouvoir pour superviser Hong Kong après la rétrocession", a répondu le ministère des Affaires étrangères. LES MILITANTS DÉMOCRATES RELÂCHÉS Xi Jinping s'est également rendu vendredi dans la garnison de Shek Kong, située dans les Nouveaux territoires, où, juché à l'arrière d'un véhicule de commandement, il a passé en revue plus de 3.000 soldats de l'Armée populaire de libération (APL). Le nombre exact de soldats chinois déployés à Hong Kong est inconnu, mais des diplomates étrangers l'estiment à entre 8.000 et 10.000, dont des soldats d'infanterie et des membres des forces spéciales, répartis dans plusieurs garnisons et bases héritées de l'armée britannique. Ces soldats vivent isolés de la population de Hong Kong, où la sécurité relève des prérogatives de la police locale. La veille de l'arrivée de Xi Jinping, mercredi, la police a interpellé 26 militants démocrates alors qu'ils s'étaient réunis sur un monument commémorant la rétrocession du territoire pour réclamer l'instauration d'une démocratie pleine et entière. La police a indiqué vendredi que les 26 militants concernés, dont Joshua Wong, chef de file du mouvement de contestation de 2014, avaient été remis en liberté sous caution et devront se présenter aux autorités fin septembre. (Henri-Pierre André et Arthur Connan pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)