Des manifestations émaillées de violence en Roumanie

Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de de Bucarest, la capitale roumaine, où la police anti-émeutes est intervenue. /Photo prise le 10 août/REUTERS/Inquam Photos/Adriana Neagoe

BUCAREST (Reuters) - Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de de Bucarest, la capitale roumaine, où la police anti-émeutes est intervenue.

Les manifestations étaient organisées partout dans le pays par des groupes d'expatriés roumains qui entendaient dénoncer la corruption qui gangrène leur pays, les bas salaires et les tentatives du PSD d'affaiblir le pouvoir judiciaire.

La Roumanie se classe parmi les États les plus corrompus de l'Union européenne et Bruxelles surveille particulièrement son système judiciaire.

À Bucarest, certains manifestants ont tenté de traverser les cordons de sécurité installé autour du bâtiment du gouvernement. D'autres ont lancé des bouteilles et des pavés sur la police anti-émeute, qui a répondu en utilisant des gaz lacrymogènes.

La police a déclaré que des groupes de "provocateurs" étaient présents sur la place. Plus de 400 personnes ont dû recevoir des soins médicaux.

Le président centriste Klaus Iohannis a condamné la violence excessive dont la police a selon lui fait preuve.

"Je condamne fermement l'intervention brutale de la police anti-émeutes, totalement disproportionnée par rapport aux actions de la majorité (des manifestants)", a-t-il écrit sur sa page Facebook.

"Le ministère de l'Intérieur doit s'expliquer rapidement sur la manière dont ont été gérés les événements de la soirée", a-t-il ajouté.

Selon les estimations de la Banque mondiale, trois à cinq millions de Roumains travaillent et vivent hors de leur pays, soit un quart de la population. Les expatriés sont aussi bien des travailleurs journaliers que des médecins. L'année dernière, ils ont envoyé à leurs familles l'équivalent de plus de quatre milliards d'euros, une manne pour une population parmi les plus pauvres de l'UE.

Des manifestations ont eu lieu à plusieurs reprises devant le siège du gouvernement depuis que les sociaux-démocrates sont arrivés au pouvoir début 2017 et ont tenté de dépénaliser plusieurs infractions en matière de corruption.

Leur volonté de modifier le code pénal a suscité l'inquiétude de la Commission européenne et du département d'Etat américain. Ces modifications font l'objet d'un recours devant la Cour constitutionnelle.

(Luiza Ilie; Danielle Rouquié et Nicolas Delame pour le service français)