Afflux de Kurdes à la frontière turque fuyant l'EI en Syrie

Un millier de Kurdes en fuite devant l'avancée des combattants de l'Etat islamique dans le nord de la Syrie se sont réfugiés en Turquie vendredi, alimentant les inquiétudes du gouvernement d'Ankara face à un nouvel afflux de civils et la menace pesant sur sa frontière sud. /Photo prise le 19 septembre 2014/REUTERS

par Seyhmus Cakan DIKMETAS Turquie (Reuters) - Un millier de Kurdes en fuite devant l'avancée des combattants de l'Etat islamique dans le nord de la Syrie se sont réfugiés en Turquie vendredi, alimentant les inquiétudes du gouvernement d'Ankara face à un nouvel afflux de civils et la menace pesant sur sa frontière sud. Plus de 1,3 million de Syriens, chassés par la guerre civile, ont déjà trouvé refuge en territoire turc et des centaines de milliers d'autres se sont repliés dans les zones montagneuses pour échapper aux combats. L'offensive menée par les djihadistes de l'EI en direction de la ville frontalière d'Aïn al Arab laisse craindre une escalade des violences de nature à provoquer de nouvelles arrivées massives de populations. La Turquie tente de convaincre Washington de la nécessité de créer une "zone tampon" en territoire syrien pour accueillir les civils déplacés, une mesure qui exigerait l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH), les troupes de l'Etat islamique ont pris le contrôle d'une vingtaine de villages au cours de leur progression et encerclent l'agglomération d'Aïn al Arab, appelée Kobani en kurde. Face à cette poussée des islamistes, les combattants kurdes ont lancé un appel à l'aide militaire. "L'instauration d'une zone tampon est d'une grande importance à la fois pour la Turquie et pour les Syriens qui ont été déracinés", a déclaré un responsable gouvernemental turc, reprenant une idée évoquée cette semaine par le président Recep Tayyip Erdogan. Les soldats turcs, armés de fusils, ont d'abord formé une ligne le long de la frontière et autorisé des habitants du village voisin de Dikmetas à donner des bouteilles d'eau et des sacs de pain aux Syriens se trouvant de l'autre côté de la clôture en fils barbelés. Sur ordre du Premier ministre Ahmet Davutoglu, les militaires ont ensuite autorisé plusieurs centaines de réfugiés, en majorité des femmes et des enfants, à entrer en territoire turc. ORGANISER L'AIDE EN SYRIE Quelque 4.000 personnes se sont massées depuis jeudi soir à la frontière, en face du village de Dikmetas, mais certaines sont allées chercher un abri pendant la nuit en raison du froid. "Il a fait froid cette nuit donc la plupart des gens sont retournés dans leurs villages. Mais ils commencent à revenir à la frontière", a raconté Halil, qui vit du côté turc de la frontière. "Les gens continuent d'arriver, à pied et en voiture. Nous nous attendons qu'ils soient bientôt entre 3.000 et 4.000", a dit Huseyin Gundoglu, un responsable du village. Ahmet Davutoglu a indiqué vendredi devant la presse que les gouverneurs des provinces frontalières avaient reçu l'ordre d'accroître l'aide aux réfugiés se trouvant en territoire syrien. "Nous sommes prêts à aider nos frères qui se massent à la frontière, sans tenir compte de leurs origines, de leur religion ou de leur appartenance cultuelle. Mais notre priorité est de livrer de l'aide du côté syrien de la frontière", a expliqué le chef du gouvernement. Si la Turquie maintient sa frontière ouverte avec la Syrie pour des raisons humanitaires, elle a imposé un renforcement de la sécurité dans cette zone au cours des derniers mois. Le but de cette mesure est de répondre aux critiques, notamment de la part de ses partenaires occidentaux, qui font état de passages fréquents de djihadistes étrangers pour rejoindre les rangs de l'EI en transitant par la Turquie. (Tangi Salaün et Pierre Sérisier pour le service français)