Des civils fuient les combats à Syrte, en Libye

Près de Syrte. Des civils ont fui par dizaines lundi cette ville du centre de la Libye, craignant une escalade de violence après deux jours de combats entre partisans de l'organisation Etat islamique (EI) et une force fidèle au gouvernement de Tripoli, /Photo prise le 16 mars 2015/REUTERS/Goran Tomasevic

PRES DE SYRTE, Libye (Reuters) - Des civils ont fui par dizaines lundi la ville de Syrte, dans le centre de la Libye, craignant une escalade de violence après deux jours de combats entre partisans de l'organisation Etat islamique (EI) et une force fidèle au gouvernement de Tripoli, rapportent des témoins. Des familles ont entassé leurs affaires dans des voitures avant de prendre la direction de Misrata, sur la côte à 150 km environ plus à l'ouest. Misrata est le fief de l'Aube libyenne, la milice qui a pris Tripoli en août dernier et soutient les institutions installées dans la capitale. Le personnel d'un hôpital a été évacué à bord d'une vingtaine de véhicules. Des affrontements ont opposé l'EI et l'Aube libyenne au cours du week-end à la périphérie de Syrte, sans toutefois gagner le centre-ville. Un habitant quittant la ville a dit avoir été averti par des combattants de l'EI qu'il fallait s'attendre à d'autres affrontements dans les prochains jours. Il a ajouté que le carburant commençait à manquer à Syrte, où les djihadistes se sont emparés ces derniers jours de plusieurs bâtiments publics, d'un hôpital et d'une université, et que des magasins avaient fermé. Des renforts en provenance de Misrata arrivaient lundi dans les faubourgs de la ville natale de Mouammar Kadhafi, renversé en octobre 2011 après plusieurs mois de guerre civile. Depuis la chute du "guide", la Libye reste secouée par les combats entre groupes armés, les uns soutenant les institutions de Tripoli, les autres le gouvernement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale. L'est de Syrte est notamment en proie à des combats entre les deux camps depuis décembre autour des ports pétroliers d'Es Sider et Ras Lanouf, qui sont sous le contrôle du gouvernement internationalement reconnu d'Abdallah al Thinni. L'Etat islamique, qui contrôle une partie de l'Irak et de la Syrie, tente de s'implanter dans le pays en profitant du chaos. Des groupes islamistes libyens ont proclamé leur allégeance à l'EI ces derniers mois et ils ont revendiqué plusieurs actions spectaculaires, notamment l'attaque de l'hôtel Corinthia en janvier à Tripoli, qui a coûté la vie à cinq étrangers et quatre Libyens, puis la décapitation de 21 coptes égyptiens. Dimanche soir, une voiture piégée a explosé à Misrata devant le QG d'une brigade envoyée pour combattre l'EI à Syrte. L'attentat n'a pas été revendiqué. Des partisans de l'EI ont également revendiqué un attentat commis dimanche à un barrage de sécurité dans un faubourg de Tripoli. Cinq policiers ont été blessés par l'explosion d'une bombe à ce barrage situé à proximité de bâtiments des services de sécurité à Djanzour, à l'ouest de Tripoli, a dit un porte-parole des services de sécurité. (Ulf Laessing, Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)