Des centaines de personnes cherchent à quitter la Centrafrique

A l'aéroport de Bangui, samedi. Des centaines de personnes ont tenté samedi de quitter la Centrafrique à bord de vols d'urgence vers le Tchad et certains pays d'Afrique ont appelé à l'aide pour faciliter l'évacuation de leurs ressortissants face à une crise humanitaire de plus en plus aiguë. /Photo prise le 28 décembre 2013/REUTERS/Andreea Campeanu

par Paul-Marin Ngoupana BANGUI (Reuters) - Des centaines de personnes ont tenté samedi de quitter la Centrafrique à bord de vols d'urgence vers le Tchad, et certains pays d'Afrique ont appelé à l'aide pour faciliter l'évacuation de leurs ressortissants face à une crise humanitaire de plus en plus aiguë. Les violences entre les rebelles musulmans de la Séléka, qui ont pris le pouvoir en mars en chassant le président François Bozizé, et les milices chrétiennes "anti-balaka" ont fait plus de mille morts en décembre dans la capitale, Bangui. Des centaines de milliers d'habitants ont été déplacés par les affrontements à travers le pays. Les miliciens "anti-balaka" (anti-machettes) prennent pour cible les musulmans, qui sont restés inféodés selon eux à la Séléka durant les mois de pillages et de chaos depuis mars dernier. Comme bon nombre d'éléments de la Séléka sont venus du Tchad, les ressortissants tchadiens sont particulièrement visés, ce qui a poussé le gouvernement de N'Djamena à affréter des vols cette semaine pour les rapatrier. Cependant, nombre de ceux qui attendaient samedi dans la chaleur à l'aéroport de Bangui-M'Poko étaient des musulmans centrafricains fuyant leur pays, majoritairement peuplé de chrétiens, par crainte de représailles. "Nous n'avions jamais connu des violences aussi barbares que celles-ci", a témoigné Aishatou Abdelkarim, une femme de 31 ans mariée à un Tchadien. "Le diable a pris le contrôle de notre pays", ajoutait-elle. CALME DANS BANGUI Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki, a annoncé qu'environ 4.000 de ses compatriotes avaient été rapatriés jusqu'à présent, dont beaucoup avaient toujours vécu en Centrafrique. Cela ne représente qu'une fraction des centaines de milliers de Tchadiens vivant en RCA. Moussa Faki a en outre imputé la vague de violences des dernières semaines à François Bozizé, qu'il accuse de se servir des anti-balaka pour saper l'autorité de Michel Djotodia, chef de file de la Séléka et désormais président par intérim. Plus de 800.000 personnes, sur une population totale de 4,5 millions d'habitants, ont fui leurs habitations durant les violences du mois de décembre - et la moitié ont cherché refuge dans la capitale, selon les Nations unies. L'Onu a lancé vendredi un appel à l'aide humanitaire pour répondre aux besoins d'urgence comme l'eau potable, les sanitaires et les camps de fortune. Plus de 200 Camerounais ont été rapatriés vendredi, ce qui porte à environ 900 le nombre de Camerounais évacués depuis le début du mois. Le Sénégal et le Niger ont demandé l'aide d'urgence de l'Organisation internationale des migrations (OIM) pour faire sortir de Centrafrique des centaines de leurs ressortissants. Les soldats africains de maintien de la paix et les forces françaises de l'opération "Sangaris" ont été pris dans les tirs croisés entre les camps centrafricains rivaux, ce qui complique les efforts de désarmement. Nombre de musulmans accusent les Français de les laisser sans défense en désarmant les hommes de la Séléka avant les "anti-balaka" - ce que Paris dément catégoriquement. Le calme régnait samedi dans les rues de Bangui. Le président français François Hollande a demandé vendredi au secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon une plus grande implication de l'Onu en Centrafrique. Eric Faye et Bertrand Boucey pour le service français