Des casques bleus en Ukraine devraient avoir un accès illimité, prévient Merkel

BERLIN (Reuters) - Le déploiement de casques bleus de l'Onu dans l'est de l'Ukraine pour protéger les observateurs de l'OSCE chargés de s'assurer du respect du cessez-le-feu n'est envisageable que s'ils ont un accès illimité au territoire contrôlé par les séparatistes prorusses, prévient la chancelière allemande Angela Merkel. Dans une interview accordée au groupe de média Funke, Angela Merkel revient sur la suggestion formulée lundi par le président russe Vladimir Poutine pendant un entretien téléphonique, au moment où des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent en Allemagne pour demander la levée des sanctions imposées par l'Union européenne à la Russie en raison de son rôle dans le conflit ukrainien. "Je trouve intéressante la proposition du président Poutine d'envoyer des troupes onusiennes pour protéger les observateurs de l'OSCE", dit la chancelière dans cette interview accordée vendredi. "Il y a quelques jours, j'ai discuté avec lui du fait que les troupes de l'Onu devrait avoir un accès illimité aux zones où l'OSCE est déployée, donc à toute la région de Donetsk et Louhansk (contrôlée par les séparatistes)", ajoute-t-elle. Le conflit dans l'est de l'Ukraine a fait plus de 10.000 morts depuis 2014 et l'accord de cessez-le-feu signé en 2015 à Minsk sous l'égide de l'Allemagne et de la France n'a pas permis de mettre fin aux violences. Bien que le conflit ne soit pas réglé, certains responsables politiques allemands plaident pour une normalisation des relations avec Moscou et une levée des sanctions européennes qui permettrait une reprise des exportations vers la Russie. C'est le cas de Christian Lindner, le dirigeant du Parti libéral-démocrate (FDP), possible partenaire de coalition de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel après les élections législatives du 24 septembre, qui a été jusqu'à proposer que l'Allemagne reconnaisse l'annexion de la Crimée par la Russie. La chancelière a rejeté cette suggestion et prévenu qu'il était prématuré de parler d'une levée des sanctions. "L'annexion est contraire aux lois internationales et il n'est pas possible de l'accepter", insiste-t-elle dans l'interview. (Thomas Escritt; Tangi Salaün pour le service français)