Derrière le sketch viral ironisant sur les soutiens pro-palestiniens aux États-Unis, une émission phare de la TV israélienne

Dimanche 5 novembre, les téléspectateurs israéliens de la chaîne Heshet 12 ont pu voir un sketch caricaturant le soutien que reçoit la Palestine sur certains campus américains.

Une vidéo de trois minutes issue de l'émission satirique "What a wonderful country", l'équivalent israélien de "Saturday Night Live", qui vu de France, ressemble à un mélange des émissions "Quotidien" et les "Guignols de l'info". Le sketch diffusé sur le compte X de l'émission est rapidement devenu viral.

La vidéo a beau être courte, elle concentre de nombreuses piques à destination des universités américaines -ici dans l'université imaginaire "Columbia Untisemity", soit un mélange de l'université Columbia de New York et du mot antisémite.

Ces universités ont été le théâtre de manifestations pro-Israël ou pro-Palestine, avec quelques incidents à noter ces dernières semaines. Au sein de la très prestigieuse université d'Harvard, une lettre dénonçant le "régime d’apartheid d’Israël" a par exemple été signée par une trentaine de groupes et clubs étudiants. Un texte qui a créé la polémique outre-Atlantique.

Autre incident, à Columbia justement, où un étudiant israélien aurait été agressé après avoir collé des affiches montrant les otages retenus par le Hamas à Gaza, comme le rapportent le journal du campus et la presse étrangère.

Extrait viral

À en croire le ton de l'émission, vu d'Israël, ce soutien des étudiants à la Palestine est problématique. Dans cette satire, le soutien au peuple palestinien équivaut à un soutien du Hamas.

On y voit deux archétypes d'étudiants aux cheveux colorés, dont l'un affirme ne pas être "antisémite mais racist-fluid". Un membre du Hamas y est aussi parodié, assurant être "en sécurité dans les tunnels sous l'hôpital de Gaza", avec "deux millions de civils" qui le "protègent".

Sans surprise, cette vidéo et les propos qu'elle contient font réagir. La vidéo est devenue extrêmement virale sur les réseaux sociaux, où un seul tweet engrange à lui seul plus de 8 millions de vues. Là où cette émission est déjà très populaire en Israël, elle a cette fois gagné un intérêt plutôt international.

Un intérêt décuplé qui peut être observé grâce aux données de Google, elles montrent une véritable explosion des recherches pour les termes "ארץ נהדרתz" et "Eretz Nehederet", le nom de l'émission. L'outil ne permet pas de connaître le nombre de recherches mais seulement une tendance.

Il ne s'agit pas de la première fois que l'émission fait parler d'elle depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre. Il y a 8 jours, une parodie de la couverture faite par la BBC de l'explosion d'un hôpital à Gaza a aussi été très partagée.

Elle comptabilise plus de 210.000 vues sur YouTube et, à en croire les données de Google, a permis à l'émission de passer la frontière israélienne pour arriver aux oreilles des Britanniques.

De Vladimir Poutine à Dora l'exploratrice

D'une manière générale, les drames sont le fonds de commerce de l'émission. "Toute l’actualité, des élections aux funérailles en passant même par les attaques terroristes, sont des sujets de comédie", avait détaillé Shahar Cohen, un membre de l'émission auprès de CNN en 2010.

Sont passés sur le gril du Talkshow Vladimir Poutine, Adèle, tous les grands visages de la politique israélienne et même Dora l'exploratrice. Des drames survenus dans d'autres pays sont aussi moqués, comme l'attentat de l'Hyper Casher en France, qui est évoqué dans une vidéo montrant Daesh comme candidat de l'Eurovision 2016. Un ton incisif que Muli Segev, créateur de l'émission, assume:

"La vie ici (en Israël, NDLR) est très intense, plus qu'ailleurs. Il faut donc un humour plus fort pour se soulager et faire face au stress de la vie", expliquait-il au L.A. Times en 2010.

Quelques mois plus tôt, lors de la Guerre de Gaza (2008-2009) son émission avait été retirée de l'antenne. Motif: "Une guerre était en cours (...) on craignait de nombreuses victimes". Mais à l'occasion de ce nouveau conflit il n'a pas été question de mettre le programme en pause, bien au contraire.

"Encore une fois le sketch 'What a wonderful' country' rend le monde fou. Après les critiques de la BBC: la satire des étudiants des campus américains explose sur Internet", se réjouit-il sur X (anciennement Twitter) ce lundi 6 novembre. L'émission a marqué le soir de sa diffusion une audience record, avec presque 30% de l'ensemble du public présent devant sa télévision en Israël.

Article original publié sur BFMTV.com