Derrière l’affaire Rachid M’Barki à BFMTV, une agence de désinformation israélienne

Une enquête interne avait été ouverte le 2 février à BFMTV, en raison de soupçons visant le présentateur Rachid M’Barki.
KENZO TRIBOUILLARD / AFP Une enquête interne avait été ouverte le 2 février à BFMTV, en raison de soupçons visant le présentateur Rachid M’Barki.

MÉDIAS - Nouvelles révélations dans l’affaire visant le présentateur des journaux de la nuit de BFMTV Rachid M’Barki, mis en cause pour des sujets ayant subi une influence extérieure. Ce mercredi 15 février, une enquête d’un consortium international de 100 journalistes dévoile la vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne qui vendrait ses services dans le monde entier.

Au cours de cette enquête du collectif de journalistes Forbidden Stories, auquel ont contribué pour l’Hexagone la cellule investigation de Radio France et Le Monde, les journalistes d’investigation ont pu rencontrer un responsable de cette officine en Israël, désignée sous le nom de « Team Jorge ».

Et il leur a affirmé, démonstration à l’appui, pouvoir créer automatiquement de faux comptes en ligne, générer automatiquement du contenu sur les réseaux sociaux ou pirater des e-mails ou des comptes Telegram, pour influencer des campagnes électorales notamment.

« BFM est victime » selon Fogiel

Dans le cas de Rachid M’Barki sur BFMTV, les brèves diffusées avaient trait aux oligarques russes, au Qatar, au Soudan, au Cameroun, ou encore au Sahara occidental et auraient été « fournies clés en main pour le compte de clients étrangers », selon le consortium d’investigation.

D’après l’enquête, cette société mystérieuse qui travaille notamment avec des entreprises, des milliardaires, des suspects de crimes ou des figures politiques « ne semble avoir aucune existence légale et a été créée par des anciens du Mossad et de l’armée israélienne ». Le consortium indique également avoir « identifié une vingtaine d’opérations de désinformation au profit d’États, d’entreprises ou de riches individus ».

La première chaîne d’informations de France avait été contrainte d’ouvrir en janvier une enquête interne en raison de soupçons visant Rachid M’Barki, rapidement suspendu, en attendant les résultats de cette enquête. Désormais les raisons de l’ouverture de cette procédure sont connues, puisque c’est le consortium d’investigation qui a alerté BFMTV sur l’existence de ces séquences problématiques. Avant que la chaîne trouve davantage de brèves douteuses, selon le récit du Monde.

« Si les faits rapportés sont exacts, ils sont graves et condamnables », avait d’ailleurs réagi la Société des journalistes (SDJ) de BFMTV, le 2 février.

« Il n’y a pas de doute que BFM est victime dans cette histoire, quand l’un des nôtres court-circuite la chaîne hiérarchique, ça pose problème », a réagi ce mercredi le directeur général de la chaîne info, Marc-Olivier Fogiel, sur France Inter. Selon lui, le présentateur « s’arrangeait pour demander (des) images en dernière minute » pour illustrer des brèves, « une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et avait validé l’ensemble de son journal ».

« Pas de complicités internes », selon Marc-Olivier Fogiel

Lors d’une entrevue entre le directeur de la chaîne et le journaliste de 54 ans, ce dernier « explique assez rapidement qu’elles [les brèves] lui sont proposées par un intermédiaire et que c’est son libre arbitre éditorial [de les diffuser]. Il pense qu’elles ont du sens, éditorialement (…) C’est suffisamment problématique pour que nous lancions un audit interne qui essaie de décortiquer tout ça », a également confié au consortium de journalistes le patron de BFMTV.

Il estime d’ailleurs qu’« il n’y aurait pas de complicités internes. C’est un journaliste qui décide de donner des infos et qui le fait de son propre chef, en contournant les règles de mise à l’antenne ».

Interrogé en janvier par le site Politico, Rachid M’Barki avait admis avoir « utilisé des infos qui (lui) venaient d’informateurs » et qui n’ont « pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction ». « Elles étaient toutes réelles et vérifiées (...) Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait », poursuivait-il.

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