Derrière « Friendly Father » sur Tiktok, la propagande dangereuse de Kim Jong-un et la Corée du Nord

RÉSEAUX SOCIAUX - Le dictateur coréen Kim Jong-un devenu une star de K-Pop ? Pas vraiment, mais un hymne de propagande à son éloge tourne en boucle sur Tiktok. Intitulée Friendly father, la chanson a été reprise en fond sonore par de nombreux internautes qui multiplient les vidéos humoristiques.

Cela crée un décalage avec les paroles, car personne ne semble s’attarder sur le message politique qui est véhiculé. « Chantons Kim Jong-un, le grand leader. Faisons l’éloge de Kim Jong-un, notre sympathique père », peut-on entendre dans la chanson. Sur Tiktok, c’est plus la mélodie qui est retenue, dans un style aux airs d’ABBA.

« C’est sur Spotify ? », écrit par exemple un utilisateur. De nombreux autres commentaires et vidéastes ironisent sur le contraste entre la joie qui transpire de cette musique et le fait qu’elle vienne d’un pays dirigé d’une main de fer par un dictateur. Certains s’amusent ainsi à comparer cette musique à différents thèmes musicaux de vilains de cinéma.

Un succès retentissant

À l’origine, les musiques comme Friendly Father ont pour but d’améliorer l’image du dictateur nord-coréen dans son pays, mais aussi à l’international (et particulièrement en Occident). C’est pour cette raison que les musiques sont entraînantes et simples à chanter. Une sorte de Baby Shark pour adultes.

« L’idée est de motiver, de tendre vers un objectif commun dans l’intérêt de la nation. Le régime nord-coréen n’a pas tendance à produire des chansons comme des ballades », explique pour la BBC Alexandra Leonzini, chercheuse à l’université de Cambridge spécialisée dans la musique nord-coréenne. Mais alors que la chanson a été écoutée des millions de fois sur Tiktok, est-ce que l’objectif de propagande est réussi ? Pas totalement, bien heureusement.

Si de nombreuses vidéos et commentaires semblent apprécier sincèrement la musique, il y a également toute une partie des internautes qui se moque du ridicule de la situation. Certains réalisent des danses virales qui ne sont absolument pas dans le rythme et l’esprit de Friendly Father. D’autres jouent du second degré, comme si la propagande fonctionnait instantanément. En rappelant à qui veut bien l’entendre que ce « sympathique père » décrit dans la chanson déclarait l’année dernière vouloir anéantir les États-Unis et la Corée du Sud.

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