Derrière « À la belle étoile », l’histoire vraie du pâtissier star Yazid Ichemrahen

La vie de Yazid Ichemrahen a inspiré le film « À la belle étoile »
Marc Piasecki / WireImage La vie de Yazid Ichemrahen a inspiré le film « À la belle étoile »

PÂTISSERIE - Des foyers pour jeunes de la Marne jusqu’aux cuisines d’un palace de Monaco, le parcours de Yazid Ichemrahen, 31 ans, a tout du récit hollywoodien. Le scénariste Cédric Ido et le réalisateur Sébastien Tulard l’ont bien compris en adaptant la vie du pâtissier star en film. « À la belle étoile » sort aujourd’hui en salles et c’est l’influenceur Just Riadh (Riadh Belaïche à la ville) qui incarne le rôle du pâtissier pendant les premières années de sa carrière.

En parallèle de la sortie du film, Yazid Ichemrahen sort aussi une autobiographie intitulée « Créer pour survivre, vivre pour ne pas sombrer » (éd. Solar). Retour sur un destin hors du commun.

Le « goût de la pâtisserie populaire »

Né à Épernay, dans la Marne, de parents marocains, Yazid passe ses deux premières années avec sa mère et sa sœur, après le départ de son père. « Survivre, ça a été le mot pendant longtemps », résume-t-il au micro de France Inter. De ces premières années, il garde une blessure : le manque de « reconnaissance dans les yeux de son papa et sa maman ». Un manque qui l’a « guidé dans tous ses choix à venir ».

À l’âge de 2 ans, il est placé en famille d’accueil et découvre une vie de famille aimante et complice. Les deux fils de la maison travaillent comme pâtissiers, « l’un chez Leclerc, l’autre chez Cora » et l’initient à cet univers, dont il gardera un « goût de la pâtisserie populaire », comme il l’explique à France 24. Avec la mère de sa famille d’accueil, il prépare déjà « les babas du dimanche ou les gâteaux au yaourt ». Cette parenthèse s’interrompt quand ses parents d’accueil prennent leur retraite. Le jeune Yazid a alors 9 ans et se retrouve en foyer.

Au Parisien, le pâtissier raconte avoir alors « fait beaucoup de conneries… Des stups, de la violence » qui lui valent un « petit casier judiciaire ». Une période qui se conclut à 14 ans par un passage devant le juge pour enfants, où l’adolescent est placé face à un choix : « Le juge m’avait dit ‘soit tu trouves une formation et tu fais quelque chose, soit tu finis [en prison pour enfants]’ », se souvient Yazid Ichemrahen auprès de Clique.

Des nuits passées à dormir dans la rue

C’est dans la pâtisserie que le jeune Yazid trouve sa voie, un domaine où il découvre « la rigueur, l’engagement et la régularité du métier, avec beaucoup de pression exercée sur les chefs », explique-t-il à France Inter. « C’est une réelle école de la vie. » Après un apprentissage de trois ans à Épernay, il déménage à Troyes, où il travaille sous la direction de Pascal Caffet, Meilleur Ouvrier de France et champion du monde de pâtisserie. Mais le rêve de l’adolescent est ailleurs. Dans sa chambre au foyer, il avait affiché des posters du pâtissier Angelo Musa. Alors, quand Yazid a l’opportunité de travailler pour lui pour le lancement de la Pâtisserie des Rêves à Paris, il saisit sa chance. « C’était comme si je rentrais au Real Madrid », confie-t-il au Parisien.

Pendant un an, il continue de vivre à Troyes tout en travaillant à Paris. « Je prenais le train à 5h07 à la gare de Troyes, j’arrivais à 7h09 à la gare de l’Est, raconte-t-il à Clique. À 20h13 je reprenais le train et j’arrivais à 22h30 chez moi à Troyes. » Les jours où il loupe son train, le jeune pâtissier dort dans une station de métro ou dans des cages d’escalier. « Parfois j’étais en colère contre le ciel et je me demandais comment tout ça pouvait m’arriver. Mais cela m’a permis de travailler encore plus », confie-t-il à Clique.

Après Paris, direction Monaco pour Yazid, qui part travailler à l’Hôtel Métropole chez Joël Robuchon. Là encore, les temps sont durs. Interdit bancaire, il se retrouve à dormir dehors pendant plusieurs mois. Mais le pâtissier persévère. « Certains me disent ‘t’as un don !’, mais dans ma vie je n’ai pas eu d’autres choix que d’être bon », assure-t-il à Clique.

La consécration

La consécration arrive peu de temps après, quand Yazid décide de participer à la Coupe du Monde de desserts glacés. À 22 ans à peine, il est retenu au sein de l’équipe de France en 2014. Les créations de son équipe séduisent le jury du concours et le titre mondial s’offre à lui.

Après cette fulgurante ascension, Yazid ouvre sa toute première pâtisserie dans le Vaucluse à Avignon. Deux marques suivront, ainsi que la publication de sa première autobiographie « Un rêve d’enfant étoilé » en 2016. Il parcourt depuis les quatre coins du monde pour faire du consulting et ouvrir plusieurs points de vente. Ses pâtisseries s’arrachent parfois à plus de 10 000 dollars pièce. Un paradoxe pour ce pâtissier parti de rien, et qui « aime toujours acheter la boîte de quatre éclairs chez Leclerc ».

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