Depuis la guerre Israël-Hamas, les actes antisémites ont « explosé » de 1000 %, selon le Crif

Le Crif publie un rapport choc sur la hausse drastique des actes antisémites en France depuis le 7 octobre.

Le drapeau israélien d’une manifestante à la marche contre l’antisémitisme à Paris le 12 novembre 2023.
THOMAS SAMSON / AFP Le drapeau israélien d’une manifestante à la marche contre l’antisémitisme à Paris le 12 novembre 2023.

ANTISÉMITISME - Le rapport fait froid dans le dos. D’après les chiffres publiés par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ce mercredi 24 janvier au soir, le nombre d’actes antisémites dans le pays a augmenté de 1 000 % depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier.

Le Crif s’est appuyé sur les données du ministère de l’Intérieur et du Service de Protection de la communauté Juive (SPCJ) pour faire ses calculs. Et le constat est accablant : il y a eu 1 676 actes antisémites en 2023, contre 436 en 2022 et 589 en 2021.

Pire, ces actes ont augmenté de manière exponentielle depuis le début de la guerre en Israël et le Hamas à Gaza. Entre octobre et décembre, 1 242 actes antisémites ont été recensés, c’est-à-dire autant que sur les trois années précédentes cumulées. Soit une « explosion » de 1 000 % depuis le 7 octobre, selon le Crif.

Des actes antisémites à l’école

D’une quarantaine chaque mois sur la période estivale, les actes antisémites sont passés à 563 en octobre, 504 en novembre et 175 en décembre, ajoute l’AFP qui a pu consulter le document. La décrue observée en fin d’année reste « difficile à analyser », souligne le rapport.

Dans près de 6 cas sur 10 (57,8 %), ces actes ont été des atteintes aux personnes (violences physiques, propos et gestes menaçants...). 12,7 % ont été commis en milieu scolaire, précise le Crif, « dont une majorité au collège ». « On assiste à un rajeunissement des auteurs d’actes antisémites. L’école n’est plus un sanctuaire de la République », déplore-t-il.

« Pour la première fois depuis longtemps, les générations qui arrivent sont plus poreuses aux préjugés antisémites que les générations précédentes », regrette le président du Crif Yonathan Arfi. Il identifie « trois carburants » à ce phénomène : « la haine d’Israël, l’islamisme et le complotisme ».

Et tous les actes n’ayant pas fait l’objet de plainte

Cette hausse du nombre d’actes antisémites n’est pas une surprise, car « depuis le début des années 2000 et la seconde intifada, à chaque intervention d’Israël dans les territoires palestiniens, on a ce phénomène », a pointé Nonna Mayer, directrice de recherches au CNRS et membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans Le Parisien. Mais cette fois, c’est « un niveau record ».

Quant au profil type, il n’existe pas. Mais Nonna Mayer précise que « ce sont surtout des jeunes hommes, qui sont sensibles à ce qui se passe en Palestine du fait de leurs origines, de leur religion, ou de leur positionnement politique à l’extrême gauche ».

Le Crif indique par ailleurs que les chiffres ne reflètent « qu’une partie de la réalité de l’expression de l’antisémitisme », car ils répertorient uniquement les actes « ayant fait l’objet d’une plainte ou d’un signalement à la police ».

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