Depuis Beyrouth, Carlos Ghosn règle ses comptes avec Renault et Bruno Le Maire

Carlos Ghosn, ici donnant une interview à Reuters à Beyrouth, au Liban, le 14 juin 2021. (Photo: Mohamed Azakir via Reuters)
Carlos Ghosn, ici donnant une interview à Reuters à Beyrouth, au Liban, le 14 juin 2021. (Photo: Mohamed Azakir via Reuters)

CARLOS GHOSN - Aujourd’hui toujours assigné à résidence à Beyrouth, au Liban, depuis son évasion du Japon fin décembre 2019, Carlos Ghosn s’est livré dans une longue interview publiée ce samedi 12 février par Le Parisien, dans laquelle il ne mâche pas ses mots à l’encontre de Renault et du ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

L’ancien patron de Renault-Nissan donne tout d’abord plus de détails sur son évasion aérienne rocambolesque du Japon, dans une malle, depuis l’aéroport de Kansaï à Osaka.

“J’étais recroquevillé, dans l’obscurité. Mais à l’écoute, je savais à quelle phase du plan je me trouvais. Quand j’ai entendu le bruit du moteur de l’avion, je savais que j’étais déjà sur la piste. Quand la malle s’est inclinée, cela voulait dire que j’étais en train de monter dans le compartiment bagage”, raconte-t-il au Parisien.

“Dans la soute, je n’ai pas eu peur de manquer d’oxygène, il faisait un peu froid, mais par rapport à ce que j’avais vécu, ce n’était pas ça qui allait m’inquiéter. J’étais tellement outré de la façon dont j’étais traité qu’il n’y avait pas de place pour la crainte”, continue l’homme d’affaires.

Bruno Le Maire en prend ensuite pour son grade, après que Bercy a notamment lancé en 2019 un contrôle fiscal du Franco-Libano-Brésilien de 67 ans: il ”était venu visiter des tas d’usines avec moi, s’était battu pour mon renouvellement, est celui qui s’est manifesté de la manière la plus hostile, à ma grande surprise. C’est lui qui a ordonné le contrôle fiscal. C’est lui qui a donné une consigne claire à deux membres du conseil d’administration de Renault: ‘On abandonne Carlos Ghosn, on ne peut plus le soutenir’.”

Renault “est devenu un petit constructeur fragile”

“Il est au centre de tout ça. Ce ne sont pas des accusations, ce sont des faits, avec des témoins. Les langues vont se délier avec le temps et nous saurons pourquoi la France m’a lâché”, prévient Carlos Ghosn.

Enfin, il n’oublie pas de régler aussi ses comptes avec son ancienne entreprise, dont il a été le PDG de 2005 à 2019. “J’ai fait la croissance de Renault pendant treize ans, l’État français était présent chez Renault, j’ai obtenu des résultats exceptionnels et aujourd’hui, certains ont l’indécence de dire que les résultats minables de 2019, 2020 et 2021, c’est à cause de moi?”, interroge-t-il. “La vérité, c’est qu’un numéro 1 mondial est devenu un petit constructeur fragile. Cela me fait de la peine de voir que Renault n’est plus que l’ombre de lui-même.”

L’homme d’affaires, visé par un mandat d’arrêt d’Interpol, est contraint de rester au Liban depuis sa fuite du Japon le 29 décembre 2019.

Arrêté en novembre 2018 sur le tarmac de l’aéroport de Tokyo, il était en liberté sous caution après plusieurs mois de détention, avec interdiction de quitter l’archipel dans l’attente de son procès pour des soupçons de malversations financières chez Nissan quand il a déjoué la surveillance des autorités nippones.

Caché dans un caisson de matériel audio à bord d’un jet privé, Carlos Ghosn avait assuré ne pas avoir “fui la justice”, mais avoir voulu ”échapper à l’injustice”, dénonçant un “complot” des autorités japonaises à son encontre.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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