Depuis le 1er mai, le duel Macron-Mélenchon vire au pugilat

POLITIQUE - Pendant qu’un camp sort le bazooka, l’autre fait chauffer le lance-flammes. Voilà comment pourraient se résumer les échanges de ces derniers jours entre les troupes de Renaissance et celles de la France insoumise, qui redoublent d’attaques depuis un 1er mai marqué par un regain de mobilisation contre la réforme des retraites.

Chez les macronistes, ce sont les mots tenus par Jean-Luc Mélenchon en marge de la manifestation qui ont provoqué la colère. « Le Conseil constitutionnel ne peut pas valoir plus que la Constitution qu’il défend. Il n’y a pas de bon Conseil constitutionnel aussi longtemps qu’il y a une mauvaise Constitution. À bas la Ve République », a déclaré le triple candidat à l’élection présidentielle, provoquant une levée de boucliers au sein du camp présidentiel.

« Fou furieux »

Un « vocabulaire de putschiste », pour le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade. « Quel fou furieux ! Belle imitation de Staline. Il ne lui manque que la moustache », a renchéri sur Twitter sa collègue des Bouches-du-Rhône Anne Laurence Pétel, découvrant (ou feignant de découvrir) que le leader de la France insoumise a toujours plaidé pour une VIe République.

Des propos qui ont encore cours ce mercredi 3 mai, où Élisabeth Borne a sèchement répliqué lors des questions au gouvernement au Sénat. Pour la Première ministre, Jean-Luc Mélenchon a « franchi une nouvelle étape » visant à « saper la confiance de nos concitoyens dans notre démocratie ». La cheffe du gouvernement, reprenant un refrain bien connu en Macronie, juge que ces propos « s’inscrivent dans une remise en cause permanente de nos institutions » et accuse les élus LFI « de mettre en cause les forces de l’ordre, excuser les casseurs, occulter les violences ».

Des attaques auxquelles Jean-Luc Mélenchon a immédiatement répondu, en dénonçant sur Twitter une « vilaine partition de calomnies et de haine » jouée à son encontre. « Vivement qu’une personne aussi nuisible au pays quitte le pouvoir », a-t-il ajouté.

Ce mardi 2 mai sur BFMTV, c’est le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui tirait à boulets rouges sur Jean-Luc Mélenchon, en l’accusant « d’avoir une part de responsabilité » dans les scènes de violences déplorées en marge de la manifestation parisienne pour la Journée internationale des travailleurs.

« Où sont les condamnations venant de l’extrême gauche, de La France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon, qui lui appelle quasiment à la sédition ? Tout est bon pour faire de la démagogie, pour exciter une partie de la population », avait attaqué le ministre, alors que plusieurs responsables de LFI, dont son coordinateur Manuel Bompard, condamnaient clairement les violences. Réponse illico, déjà, de Jean-Luc Mélenchon : « Les policiers devraient se méfier d’un chef aussi lamentable. »

« Courte échelle »

Si l’angle d’attaque choisie par la Macronie, consistant à faire de Jean-Luc Mélenchon une menace équivalente à celle que représente Marine Le Pen pour le pays, n’est pas nouveau, une autre étape a été franchie ce mercredi 3 mai en Conseil des ministres.

Selon des informations concordantes de LCI et BFMTV, Emmanuel Macron a accusé devant le gouvernement la France insoumise de « faire la courte échelle » au Rassemblement national. « Les factieux nourrissent les factions », a-t-il ajouté, reprenant un thème développé lors de son interview télévisée du 22 mars.

Des propos rapportés qui ont, sans surprise, fait bondir au sein de la France insoumise. Vote d’élus Renaissance pour des attributions de poste à des élus RN à l’Assemblée, convergence de vocabulaire, progression du vote RN entre 2017 et 2022, la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon s’est lancée dans une vaste contre-offensive sur les réseaux sociaux.

Cet affrontement entre ces deux forces politiques, qui occupe désormais une très large partie du débat public, a de quoi nourrir les craintes de ceux qui — y compris en Macronie — s’inquiètent des effets que cette guerre ouverte peut provoquer sur Marine Le Pen, plutôt épargnée par ces échanges de tirs et les attaques frontales du camp présidentiel contre les Insoumis.

Et pour cause : sondage après sondage (Ifop ou Elabe), la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale semble tirer les marrons du feu de cette séquence éruptive. Une dynamique que ces échanges acerbes n’apparaissent pas de nature à freiner.

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